Accueil Culture Mahdia, chroniques d’une ville heureuse de Alya HAMZA: Tel un conte de fées

Mahdia, chroniques d’une ville heureuse de Alya HAMZA: Tel un conte de fées

Dans le nouvel ouvrage de Alya Hamza Mahdia, chroniques d’une ville heureuse, l’autrice nous invite à une promenade nostalgique dans le patrimoine réel et imaginaire de cette ville avec ce livre que l’on feuillette en marchant. Ce n’est pas un hasard si Mahdia est une ville sur laquelle beaucoup ont écrit. Mais Alya restitue dans son livre, les clichés qui ont probablement échappé à tous les regards initiés. Ici, donc, pas de carte postale aux teintes saturées, mais plutôt un kaléidoscope. Fascinante combinaison de récits populaires, de souvenirs, de légendes nourries par un passé dense et pas toujours tranquille.

C’est que la ville fut depuis toujours un lieu de brassage de peuples, d’idées et de styles. En effet, Mahdia est une ville qui se présente comme un doigt effilé brandi en direction de la mer. « C’est le nez de Cyrano sur le visage de la Tunisie », écrit Frédéric Mitterrand dans la préface du livre. Pour lui, les récits anciens témoignent de la fascination qu’exerce cette situation extraordinaire sur les voyageurs, les commerçants ou les conquérants.

C’est, qu’en parlant d’elle, nul n’a su le faire sans déraisonner. Majestueux jardin sur mer, capitale des Fatimides, Mahdia a inspiré des poètes, des écrivains, des romanciers, depuis le grand jour jusqu’au dernier des rimailleurs. On ne saurait ici énumérer le nombre d’hommes et de femmes célèbres qui ont foulé son sol ou navigué sur ses eaux. Hadrien, Hanon, Darghouth, Sanson Napollon, Saint Cyprien, Sainte Maxime…Illustres et inconnus se sont tous inclinés devant cette terre de si étonnants contrastes. Chantée par les poètes, hantée par les légendes, décrite par les croque-notes, Mahdia, mille fois déflorée, reste pure et garde une paix sans égale.

Est-il, dans la grandeur du décor que nous restitue Alya Hamza dans ses chroniques, rien de plus beau que sa Skifa el Kahla ou Borj Erras ? Un univers élevé dans sa pureté première au-dessus des eaux salées qui ont engendré les mondes et auquel les récits des histoires des gens de Mahdia relatés par Alya Hamza, sont venus ajouter charme et conviction.

Le lecteur — qui aura aimé saisir la puissance triomphante du site, les caresses du soleil, les éclaboussures des couleurs, les effluves parfumés de la Méditerranée, les senteurs envoûtantes du romarin, du jasmin, de la lavande —, se retrouvera conquis par  la grâce exquise d’une ville ensorcelante et toujours souriante. Une fois visitée, on quitte Mahdia avec des souvenirs d’amour et l’irrésistible envie d’y revenir.

En effet, tel un conte de fées, l’autrice de ce livre, qui est journaliste, épouse un Mahdois et tombe sous le charme de la ville. Immédiatement conquise, elle aimera autant le site que les gens, animée par une forte envie de raconter les murmures du cœur de cette ville comme elle la voit et comme elle aime la voir. Ce sont de petites histoires qui s’égrènent au fil des pages finement illustrées par Majed Zalila.

Pour Frédéric Mitterrand: «Alya Hamza, qui sait si bien raconter les êtres et les choses de son pays à travers ses articles, ses ouvrages, ses collections, où s’assemblent avec un grand goût les gestes du patrimoine tunisien, est le meilleur guide pour nous conduire dans la cité de cœur de sa famille ».

En effet, mahdoise d’adoption et de cœur, Alya Hamza nous livre les trésors jalousement conservés dans leurs écrins et nous fait entrer dans le Nadi, ce cercle réservé pour certains, bastion inexpugnable pour d’autres, et qui reste incontournable dans l’imaginaire de la cité où bat le pouls de la ville. Elle nous offre une balade à travers les histoires qu’on raconte aux enfants pour les endormir, l’agrémentant au gré de l’imagination du conteur, pour en faire une légende urbaine, tels les récits autour  de Lella Bahria, ce rocher émergé qui sert de sanctuaire. Ou en évoquant l’histoire de Dar el Hamra, la «maison rouge» qui, bien que détruite, le souvenir en reste comme lieu où on se donnait rendez-vous avant ou après Dar el Hamra. Le cimetière de Bordj Erras, qui est aussi beau que celui de Sète, où Sidi Jaber, le soufi, du haut de son mausolée, veille à la quiétude sereine des lieux, le Hizb, ce chœur de chants sacrés, sans lequel il ne peut y avoir de réjouissances, la Route de la soie qui passa par Mahdia, la recherche du carrosse de Obeid Allah Al Mahdi, la kharja du marié, la voyante qui était un voyant, le camion de Belmondo, la Rahba, Souk el Jemaâ, La statue fantôme ou Samba, les recettes mahdoises, la chelba (saupe), les chapatis de Mahdia, les histoires des poissons, Alya ne rate aucun souvenir sur les traits des Mahdois et de leur ville qui se découpent et revêtent un aspect des plus exquis, d’autant que les dessins de Majed Zalila font écho à une certaine idée de la ville. A lire sans modération.

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