Dans un contexte de tension, une guerre de déclarations oppose actuellement la présidence du gouvernement à la présidence de la République sur fond d’acquisition d’un lot de vaccins. Affirmation, démenti, réaffirmation, encore un démenti, etc. rien ne va plus entre les deux têtes de l’exécutif.
Depuis le début de la campagne nationale de vaccination contre le coronavirus et même avant, les tiraillements politiques autour de l’acquisition des lots de vaccins n’en finissent pas. Le présidence du gouvernement avait même ordonné une enquête sur des lots de vaccins acquis discrètement par la présidence de la République. Aujourd’hui, et après plus de 40 jours du début de la campagne, la polémique ne cesse de croître, alors que tout devient source de tiraillements et de récupérations politiques.
Dans ce contexte de tension, une guerre de déclarations oppose actuellement la présidence du gouvernement à la présidence de la République sur fond d’acquisition d’un lot de vaccins. Affirmation, démenti, réaffirmation, encore un démenti, etc. rien ne va plus entre les deux têtes de l’Exécutif. Il y a quelques jours, c’est le conseiller auprès du chef du gouvernement, chargé du secteur de l’information, Mofdi Mseddi, qui affirmait l’information: 10.000 doses de vaccins ont été envoyées à la présidence de la République et 2.500 agents de la garde présidentielle allaient bientôt être vaccinés.
Quelques heures plus tard, la présidence de la République affirme n’avoir reçu aucun vaccin parmi les lots livrés récemment à la Tunisie. «La présidence de la République n’a reçu aucune quantité de vaccins, d’aucune partie que ce soit», a déclaré une source auprès de la présidence de la République, soulignant que «la réception des vaccins passe uniquement par la direction générale de la santé militaire». Toute quantité de vaccins contre la Covid-19 réservée à la garde présidentielle doit impérativement être soumise à la direction générale de la santé militaire, a-t-elle également insisté. Sauf que le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, a également affirmé cette information, précisant que 10.000 doses de vaccins sont destinées à Carthage pour vacciner les agents de la sécurité présidentielle.
Il a, en effet, affirmé que la répartition des vaccins répond à une stratégie nationale mise en place par la commission nationale de lutte contre le coronavirus qui avait déterminé les priorités. «C’est ainsi que la présidence de la République et la sécurité présidentielle ont bénéficié d’un lot de vaccins», a-t-il dit.
Carthage persiste
On ne s’est pas arrêté là. Le conseiller diplomatique à la présidence de la République, Walid Hajjem, a démenti que la présidence ait reçu 10 mille doses de vaccins contre le coronavirus. «Carthage n’a pas reçu ni ne recevra aucune dose de vaccin», a-t-il déclaré, insistant sur le fait qu’aucune personne à la présidence de la République n’ait été vaccinée, y compris le Chef de l’Etat, Kaïs Saïed. Selon ses déclarations, la présidence de la République traite uniquement avec la direction générale de la santé militaire et non pas avec le ministère de la Défense ou celui de la Santé.
Sauf que dans un communiqué rendu public hier, l’ONG I Watch affirme qu’un lot de 10.000 doses du vaccin chinois Sinovac est destiné à la présidence de la République pour vacciner la garde présidentielle, dont le nombre est estimé à trois mille.
Une vive polémique a été suscitée ces derniers jours dans le pays après la révélation d’informations concernant la vaccination de membres du gouvernement, de secrétaires d’État, de directeurs généraux d’institutions publiques, ainsi que de la députée d’Ennahdha, Aroua Ben Abbès, alors que des citoyens de catégories prioritaires n’ont pas encore été vaccinés.
La campagne nationale de vaccination contre le coronavirus et l’acquisition de vaccins ont été toujours au cœur des tiraillements politiques, notamment entre les deux têtes de l’Exécutif. Rappelons que La Kasbah avait annoncé l’ouverture d’une enquête pour «faire toute la lumière sur les circonstances de l’arrivée d’un lot de 500 vaccins à la présidence de la République», dont elle affirmait «ne pas avoir été informée». La présidence de la République avait annoncé, en mars dernier, la réception d’un don de mille doses de vaccins contre le coronavirus de la part des Emirats arabes unis et l’a entièrement mis à la disposition des services de la santé militaire, en attendant la vérification de l’efficacité de ces doses et le classement des catégories prioritaires qui vont en bénéficier.