Le film du réalisateur franco-tunisien Karim Dridi, « Chouf », débarque sur Netflix. Il est sorti en 2016 et l’un des avantages de la plateforme en question, c’est qu’elle nous permet de nous rattraper sur des films que nous avons peut-être ratés. Une occasion pour le découvrir. Pourquoi ? Une réalité effrayante dans les quartiers de Marseille et qui risque bientôt de faire écho à ce qui se passe dans certains de nos quartiers aujourd’hui, pleins d’une jeunesse désespérée.
On se souviendra d’abord de la mise en scène sonore dans le film à laquelle le réalisateur a accordé une importance capitale. Rappelons que la bande originale est composée par le groupe Chkrrr et la musique rap du générique par la chanteuse Casey — que le réalisateur considère comme la plus grande poétesse française. Il convient de noter cet aspect parce qu’il constitue un élément de lecture à lui tout seul dans ce monde clos, fait de violence et de haine porté par une bande de jeunes qui vivent, se déplacent et agressent comme une meute de loups. Le réalisateur Karim Dridi, qui vit à Marseille depuis 20 ans, offre un regard puissant et sans concession sur cette jeunesse sacrifiée, vivant dans la misère et l’exclusion qui engendrent la délinquance. Un regard sur le trafic de drogue à la cité phocéenne par ces jeunes qui vivent en ghetto en l’absence de tout environnement social. Une zone de non-droit, il n’y a plus aucun éducateur en appui. Quant aux rares policiers présents, ils sont véreux ou se font caillasser.
Le huitième film du réalisateur franco-tunisien, en sélection officielle Cannes 2016, réunit un casting de comédiens amateurs croisés au gré de ses rencontres et de ses coups de cœur. La force de ce film est aussi sa manière particulière de décrire avec un langage cinématographique original le conflit interne infernal que vit le personnage de Sofiène. On verra son combat personnel pour ne pas céder à sa part sombre, ses réticences à habiter le mal et à devenir, comme les autres, un tueur.
Voici le résumé du film : « Enfant des quartiers nord de Marseille, Sofiène, 24 ans, semble avoir échappé aux lois ultraviolentes des cités, celles qui ont condamné tant de ses contemporains à survivre entre business frauduleux, délinquance et prison. Désormais étudiant à Lyon, il revient pour quelques jours dans sa ville natale. Il y retrouve sa famille et ses amis d’hier, toujours englués dans les trafics et une misère trop ordinaire. Rapidement, son frère, un caïd du cru, est victime d’un règlement de comptes et décède. Prêt à tout pour retrouver ceux qui l’ont assassiné, Sofiane abandonne ses études, ses valeurs et plonge dans une aventure terrifiante… ». Autrement dit, comment transformer un jeune ambitieux d’un projet de citoyen modèle en un délinquant violent sans valeur aucune… Ça ne vous rappelle rien ?