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Communes | La guerre contre les moustiques déclarée

Ces nuisibles ont envahi plusieurs quartiers et cités la semaine dernière

Les habitants de plusieurs quartiers et villes du Grand-Tunis ont été désagréablement surpris la semaine dernière par une invasion anormale de moustiques qui ont envahi les maisons et les jardins sans crier gare. Dès les premiers jours de chaleur du mois de mai, des nuées de ces insectes, dont la piqûre désagréable est fortement redoutée par la plupart d’entre nous, ont pris d’assaut parcs publics, squares, terrains vagues… Dans les zones urbaines et périurbaines du Grand Tunis. «Chaque année, il y a une invasion de moustiques. C’est un phénomène auquel nous sommes habitués sauf que cette année, cet assaut sauvage et soudain a créé l’effet de surprise. Il est survenu beaucoup plus tôt que d’habitude», souligne Mohsen Zribi, un habitant de la ville de Raoued.

Les facteurs climatiques en cause

Cette prolifération de moustiques serait due aux changements climatiques, explique Thouraya, responsable au ministère de l’Environnement et des Collectivités locales. Mais pas uniquement. Cette nuisance est imputée aussi à d’autres facteurs liés notamment au vieillissement et à la dégradation des réseaux de l’Onas et à l’inefficacité des opérations d’intervention des équipes des structures et des institutions concernées au cours de ces trois derniers mois. Il faut rappeler que la stratégie nationale de lutte contre les moustiques implique une coordination étroite et multidisciplinaire entre le ministère de l’Environnement et les différentes parties concernées, à savoir les ministères de la Santé, de l’Equipement et de l’Agriculture, l’Onas, les municipalités, l’Institut Pasteur et l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes pour identifier les grands axes d’intervention dans les zones et les gouvernorats où la concentration des gîtes larvaires est la plus élevée, en l’occurrence les villes de Radès, Sidi  Hassine Sijoumi, Raoued et les gouvernornats  de Kairouan, Sousse et Monastir. «Il s’agit d’un plan d’action qui fait intervenir l’Onas, l’Agriculture, l’Equipement, les communes… relève la responsable au ministère de l’Environnement et des Collectivités Locales. Chaque intervenant a une tâche bien précise à effectuer. Le plan de lutte contre les moustiques inclut, entre autres, le lancement, par l’Agence municipale des services environnementaux, d’un appel d’offres pour la location d’avions d’épandage d’insecticides, relève notre interlocutrice, qui sont déployés sur les lagunes, les zones marécageuses… Or, depuis le début de l’année, les opérations d’intervention ont été perturbées par des facteurs climatiques et humains. Il y a eu des jours venteux où les avions n’ont pas pu sortir pour la pulvérisation des gîtes larvaires. La grève des ingénieurs a également perturbé les actions d’intervention, sachant qu’un avion d’épandage des insecticides ne peut décoller qu’avec l’aval de l’ingénieur qui assure le contrôle technique de l’appareil».

Techniques chimique et biologique

Quant aux communes, le plan d’intervention se déroule comme suit : les municipalités, qui couvrent des zones où la concentration des gîtes larvaires est élevée, à l’instar de la commune de Raoued, procèdent au pompage et à la délarvisation des eaux stagnantes, au curage des oueds et des canaux d’écoulement des eaux usées et pluviales, à la pulvérisation des zones marécageuses et à la vaporisation des quartiers d’habitation relevant du périmètre communal (Swing fog). « Il existe deux techniques de lutte contre les moustiques, la technique biologique et la technique chimique, observe Adnen Bouassida, maire de Raoued et président de la Fédération nationale des communes tunisiennes. La première technique consiste à recourir à la chaux pour lutter contre le développement des gîtes larvaires. La technique chimique se base sur la pulvérisation des gîtes larvaires avec des produits chimiques. Il faut savoir que c’est  le changement climatique qui est responsable de  la récente invasion des moustiques que nous avons observée. Il y a eu des jours de fortes pluies le mois d’avril dernier. Or, lorsque le niveau de la lagune  (sebkha) s’élève à cause des pluies, il est difficile de traiter les gîtes larvaires. Même si on procède au traitement, il est inefficace. Ces jours de pluie ont  été  suivis juste après de journées chaudes, ce qui a contribué à l’accélération du cycle de développement des larves qui ont atteint l’âge adulte en quelques jours alors que d’ordinaire, ce cycle s’étend sur quelques semaines».

Afin d’éviter que d’autres nuées de moustiques ne prennent de nouveau d’assaut la ville de Raoued, Adnen Bouassida a paré au plus pressé en mobilisant trois équipes d’intervention. «Une équipe est chargée le matin de pulvériser des insecticides dans les zones marécageuses. Une deuxième équipe pompe les eaux stagnantes et recouvre de chaux liquide les zones infestées de gîtes larvaires. Le soir, une troisième équipe fait le tour des quartiers pour les vaporiser avec des insecticides. Il s’agit d’un programme répétitif qui va se poursuivre au cours des mois prochains». Du côté de la commune de La Marsa où les habitants sont les premiers à avoir tiré la sonnette d’alarme, Rym Hachicha, membre du conseil municipal assure que la stratégie de lutte de la ville contre les moustiques s’est poursuivie sans interruption. «Je pense que sont les détracteurs du conseil municipal qui sont derrière cette cabale. Cela a été amplifié par les médias. Faites un tour dans les quartiers et vous verrez qu’il n’y a pas autant de moustiques qu’on le prétend. Le service municipal chargé de la propreté au niveau de la commune est en train d’effectuer son travail. Mais sachez que les actions de lutte contre les moustiques ne peuvent être réellement efficaces que si les autres municipalités voisines traitent en même temps que nous».

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