Une image postée sur les réseaux sociaux montre des citoyens tunisiens se prélassant dans un café. Si la photo en soi n’a rien de particulier, c’est le message qu’elle véhicule qui est significatif. En pleine crise économique alors que tous les voyants sont au rouge, ils sont encore nombreux à se complaire dans le farniente au gré des jours qui passent au lieu de se remettre en selle et de reprendre activement le chemin du travail après une longue période de confinement général suite aux fêtes et célébrations religieuses. L’auteur du post fait une rhétorique saillante sur le peuple tunisien qu’il accuse de tous les maux de la société. «Un peuple qui s’assoit pendant des heures dans les cafés à discuter de trivialités, à calomnier, à insulter la présidence, le gouvernement…qui maudit la municipalité parce qu’elle n’a pas changé les vitres du bus de transport qu’il a caillassé, qui maudit les prix élevés des denrées alimentaires alors qu’il achète sans compter et qu’il jette ensuite tout à la poubelle… Ce même peuple exige aujourd’hui de percevoir des salaires de plus en plus élevés sans penser à améliorer son rendement en contrepartie. Il veut plus de droits et néglige de remplir son devoir envers son pays. Pourtant ces mêmes citoyens, qui n’arrêtent pas de se plaindre et qui exigent que leurs salaires soient révisés à la hausse sans fournir d’efforts, sont prêts à tout pour migrer à l’étranger, acceptant sous d’autres cieux d’exercer des métiers sous-qualifiés dans le «noir», afin d’amasser une petite fortune et de rentrer ensuite au bercail.
«Dieu ne change pas la condition d’un peuple tant qu’il n’a pas changé ce qu’il est en lui-même», peut-on lire de l’écrivain Ahmed Habab. En attendant, pas plus tard que ce matin, une scène ahurissante montre des femmes agricoles transportées comme du bétail dans un camion en partance vers des champs à Mateur (Bizerte). Un contraste saisissant ! Que retenir de ce décalage hommes-femmes, du moins dans cette sphère ?