Accueil Economie Supplément Economique Le tourisme face aux chocs: Les craintes d’une éventuelle reprise se dissipent…

Le tourisme face aux chocs: Les craintes d’une éventuelle reprise se dissipent…

Si le tourisme tunisien  a été durement impacté par la pandémie et que personne n’est en mesure de prédire la date de la fin de cette crise sans précédent, le dispositif de relance du ministère de tutelle a incontestablement séduit la profession. En effet, plusieurs solutions sont imaginées pour essayer d’éviter une deuxième saison touristique gâchée par la crise sanitaire.


Il y a un mot qui revient souvent dans les propos des professionnels du tourisme : incertitude. Car, aucun ne sait vraiment comment et à quel point la crise sanitaire impactera la saison, qui commence dans les prochaines semaines. L’an dernier, l’épidémie avait totalement bouleversé la donne.

Il faut désormais s’y résoudre. Les compagnies aériennes, les tour-opérateurs, les hôteliers et l’ensemble de l’industrie du voyage européenne se préparent à un deuxième été tant attendu pour combler le manque à gagner. Les craintes d’une éventuelle reprise se dissipent avec l’accélération des campagnes de vaccination à un rythme effréné afin d’éviter le rebond des cas covid et d’une quatrième vague plus féroce.

Chiffres effarants

Les tour-opérateurs, les voyagistes, les compagnies aériennes tentent de se préparer au mieux pour l’été 2021, après la chute vertigineuse de leur activité, l’an passé, mais déplorent toutefois n’avoir aucune visibilité, avec la crise du coronavirus.

A l’échelle mondiale, la pandémie a causé des dégâts économiques et financiers importants, fatals pour certaines entreprises du monde des voyages et du transport aérien. Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), les chiffres sont effarants, soit 1.000 milliards de dollars de perte pour l’année 2020. Pour le secteur du tourisme, plus d’un millier d’agences de voyages, sinistrées et précarisées ont fermé en 2020, un autre millier suivra cet été, qui sera encore une fois une saison ratée. Quant aux hôteliers, le désastre est plus important, car le meilleur taux annuel d’occupation des chambres fut de 20% pour les hôtels classés 3* 4* et 5*, en 2020. Le gouffre financier est surtout atteint par les nouveaux hôtels ouverts en 2019 et 2020, endettés auprès des banques.

Plan de relance post-covid

Que doit-on préconiser pour remédier à cette sinistre période sanitaire qui est venue se rajouter à la situation d’un secteur sous perfusion. Le département du tourisme est en train de mettre en œuvre une stratégie de promotion de la destination Tunisie pour le reste de l’année 2021, notamment les saisons estivale et hivernale, auprès du marché allemand, a déclaré, récemment, le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Habib Ammar.

Le ministre, qui intervenait à une conférence de presse à distance, organisée à l’occasion de démarrage du Salon international du tourisme et du voyage “ITB Berlin” en Allemagne (du 9 au 12 mars 2021), a ajouté que le principal objectif de cette stratégie est de rétablir la confiance des touristes et des partenaires au niveau local, et aussi de retrouver la place de la destination tunisienne sur les différents marchés touristiques traditionnels, notamment le marché allemand.

Par ailleurs, la stratégie nationale de vaccination  permettra de donner une vision claire aux différents tour-opérateurs et touristes souhaitant venir en Tunisie, a-t-il encore dit, faisant savoir qu’un comité paritaire a été créé, regroupant des représentants des différents ministères et structures concernés, ainsi que les professionnels du secteur du tourisme, avec pour principale finalité : préparer un plan pour la relance de l’activité touristique post-covid.

Evoquant l’infrastructure hôtelière et les services hôteliers, le ministre a fait savoir que le département du tourisme a opté pour la révision du système de classification des hôtels tunisiens.

L’objectif de cette démarche, a-t-il expliqué, est d’offrir aux touristes un produit de haute qualité, durable et conforme aux normes internationales, précisant que les nouveaux critères de classification ont été adoptés officiellement le 26 février 2021.

Chute des recettes

Pour rappel, le tourisme contribue à la création de la valeur, qui a atteint 5.576 MTND en 2019, soit 4,9% du PIB. Sur la période 2010-2019, le secteur a progressé avec un rythme annuel moyen de 6,4%. Les performances auraient pu être significativement meilleures si les attaques terroristes qui ont secoué le pays en 2015-2017 n’avaient pas eu lieu.

C’est également un grand employeur direct (158.800 emplois fin 2019) et surtout indirect. Il faut tenir en considération toutes les activités commerciales qui gravitent autour du secteur, comme la restauration, l’artisanat, le transport et les services. Cela sans oublier son rôle important en matière de devises. Pour la seule année 2019, les recettes se sont établies à 1.700 M€.

Le tourisme tunisien est essentiellement basé sur le balnéaire, ce qui explique le poids de la saison estivale pour le secteur. Entre juin et août 2019, le pays a accueilli 2,902 millions de visiteurs étrangers, soit 39,6% du nombre total des touristes.

La principale clientèle est maghrébine (Algérie, Libye) et européenne (France). Sur les touristes qui ont passé leurs vacances en Tunisie entre juin et août 2019, 62,8% sont originaires de ces trois pays. Les Libyens, et dans une moindre mesure les Algériens, visitent régulièrement la Tunisie en tant que destination de soins médicaux, ce qui atténue la cyclicité des flux rentrants.

Après une excellente année 2019, où le nombre de visiteurs de nationalité étrangère a atteint 7,247 millions, le secteur des services d’hôtellerie et de restauration est le principal perdant de la crise. Une possible dynamique interne pourrait sauver une partie des emplois, mais la partie est déjà perdue en matière de recettes en devises.

En 2020, et avec la propagation de la pandémie du covid-19, les recettes touristiques ont chuté de 60% (1.300 MTND) au cours des huit premiers mois de l’année selon les chiffres de BCT.

L’impact social était important, surtout dans les zones touristiques du littoral. Le secteur englobe aussi les cafés, les restaurants, les agences de voyages, l’artisanat, le transport touristique… qui, après des mois de fermeture et d’arrêt, peinent toujours à retrouver leur rythme d’activité normal avec la baisse progressive du pouvoir d’achat des Tunisiens.

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