Accueil Editorial On ne change pas son fusil d’épaule !

On ne change pas son fusil d’épaule !

Ils sont des anciens chefs militaires qui, du temps de leur exercice, tenaient entre leurs mains la forteresse Tunisie et étaient fiers de servir le drapeau du pays. On les croyait sages et vaillants officiers de réserve, prêts à se sacrifier pour leur patrie. Mais ils ont franchi le Rubicon du devoir de réserve et ont commis le plus monstrueux des crimes, celui de la sédition. En effet, la tempête politico-médiatique déclenchée par un appel de certains anciens officiers a dérogé à la nécessaire neutralité de l’armée.    

D’aucuns y voient un acte d’audace et de bravoure, d’autres crient à ne pas immiscer la « grande muette » dans les tiraillements politiques. Mais le fait est là. L’acte a été commis et il n’est pas innocent. C’est une première en Tunisie car elle augure une période d’incertitudes où il n’y a plus d’interdits. Quoi qu’il en soit, cet acte n’encourage pas à un débat serein entre les adversaires. Il sape le moral des troupes qui sont au front, soucieuses de combattre les ennemis de la Nation, et trouble la quiétude des citoyens qui placent leur confiance en cette armée loyaliste et imperturbable. Comment sont-ils tombés dans le piège de la politique à un moment où des voix s’élèvent pour revendiquer le déploiement de l’armée dans le pays et où d’autres voix égarées crient au « coup d’Etat » ? La réponse réside certainement dans les « dix glorieuses » du règne nahdhaoui où les protagonistes politiques à l’époque de la Troïka cherchaient à faire main basse sur une armée jugée « non acquise ». Mais c’est aussi du côté de l’Institut de la défense nationale qui a ouvert ses bras à une kyrielle de professeurs, d’étudiants, de civiles d’obédience islamiste dont l’influence désastreuse se lit sur les visages des anciens chefs militaires. Il est ahurissant et affligeant de voir ces hommes qui ont troqué leurs uniformes contre des défroques politiques mettre leur nez dans un nid à crabes. Ils ont choisi le métier de soldat et ils en connaissent les lignes rouges à ne pas dépasser. Ce faisant, ils deviennent des factieux qui ne servent pas la République mais au contraire qui s’en prennent à elle. Généralement, l’adieu aux armes se fait dans l’honneur. Celui d’avoir servi loyalement et dignement. La retraite d’un ancien chef militaire reste l’ultime mission à vie d’un haut gradé qui ne doit pas être immaculée par les tiraillements politiques à même de le précipiter au soir de sa vie dans un abîme.    

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