La surexploitation au travail, ainsi que d’autres formes d’abus et traitements inhumains poussent les réfugiés et demandeurs d’asile à crier leur détresse. Faute de protection sociale et juridique, leur situation s’aggrave de plus en plus.
Sous nos cieux, réfugiés et demandeurs d’asile sont laissés à leur sort, suite à la fermeture, en 2013, du camp de la Choucha, à l’extrême sud de la Tunisie. Et si certains d’entre eux, si chanceux soient-ils, sont logés, tant bien que mal, dans des centres d’accueil, d’autres, aussi nombreux, ont été livrés à eux-mêmes, sans gîte ni couvert.
Avoir un emploi décent, loin s’en faut ! La surexploitation au travail, ainsi que d’autres formes d’abus et traitements inhumains les poussent à crier leur détresse. Faute de protection sociale et juridique, leur situation s’aggrave de plus en plus. Et si le projet de loi sur le droit d’asile, longtemps jeté dans les tiroirs de l’ARP était adopté ! Que faire avec 6.500 personnes mises encore en stand- by ? Faudrait-il attendre Godot ?
Un constat affligeant
Cet état de fait, encore négligé, continue à susciter l’inquiétude de l’Institut arabe des droits de l’Homme (Iadh) et le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Unhcr), auxquels s’associent, volontiers, bon nombre d’organisations de la société civile tunisienne. Comment aider ces réfugiés à se doter d’un statut social privilégié ? C’est une question qui revient plus souvent sur le tapis. Et combien de fois ce droit d’asile fait débat et mobilise les forces vives de la société autour de la même cause. L’on a, d’ailleurs, constaté un intérêt tout particulier à ce sujet. L’Iadh et l’Unhcr n’ont cessé de plaider pour la protection des réfugiés. Ils n’ont pas lésiné sur les moyens pour faciliter leur insertion.
Le ministère de la Formation professionnelle aurait entamé, avant la fin de 2020, l’utilisation de la signature électronique pour les contrats de travail des demandeurs d’asile et des réfugiés en Tunisie, afin de pouvoir les intégrer dans les entreprises. Soit, une des procédures qui consacre à cette diaspora le droit à l’emploi.
Ce qui permet, selon le président de l’Iadh, Abdelbasset Ben Hassen, d’avoir un document de référence sur l’emploi et la formation des réfugiés.
De son côté, le centre d’études au ministère de la Justice, avait, lui aussi, élaboré, depuis 2012, un projet de loi sur la protection des réfugiés, à même de créer une structure chargée de leurs affaires.
Il faut dire qu’il y avait, quand même, une certaine volonté à améliorer, un tant soit peu, leurs conditions de séjour sur le sol tunisien. Une lueur d’espoir, en quelque sorte. Mais, sans loi de protection effective, tout serait voué à l’abandon.
Et les décisions prises à souhait en leur faveur risquent de tomber à l’eau. Qu’en est-il des femmes réfugiées ? Leur statut n’est pas aussi enviable. Elles font souvent l’objet de harcèlements et d’actes de violences et de racisme. On peut dire que la surexploitation au travail est leur sort commun.
Pour une meilleure protection
Tout récemment, un atelier de travail a été organisé conjointement par l’Iadh et l’Unhcr, en partenariat avec le ministère de la Femme, avec pour objet de «favoriser une meilleure protection aux femmes réfugiées et demandeuses d’asile en Tunisie».
L’idéal consiste en la mise en place d’un cadre commun, afin de les intégrer dans les programmes du ministère et des organisations partenaires. Cela concerne l’accueil des femmes victimes de violences, tout en leur fournissant les services d’écoute et d’orientation, ainsi qu’une prise en charge psychosociale. Le volet entrepreneuriat n’est pas aussi des moindres.
Ces procédures pratiques de protection font ainsi partie d’un projet commun engagé par l’Iadh et l’Unhcr. Et là, une question qui se pose avec acuité: si volonté politique il y a, pourquoi un tel projet de loi sur le droit d’asile n’est pas encore voté ?