La pollution gagne du terrain en milieu rural et plus particulièrement dans les grandes zones maraîchères, se trouvant à la périphérie de la capitale. Les habitants de la région de Mornag sont en train d’assister, impuissants, à une catastrophe écologique au niveau de l’oued Méliane. Des monticules impressionnants de déchets en plastique recouvrent une grande partie du lit asséché de ce cours d’eau. Des ordures s’entassent, par ailleurs, sur les berges Ourd, un affluent du cours d’eau Méliane transformant ce dernier en dépotoir à ciel ouvert. Ils représentent un risque pour la santé des riverains dès lors qu’en été, ces déchets qui dégagent des odeurs nauséabondes, et qui attirent les insectes et les animaux errants, deviennent un vecteur de transmission des maladies alors qu’en hiver, charriés par les eaux, ils contaminent la nappe phréatique de cette zone agricole, dont l’eau sert à l’irrigation des cultures maraîchères.
«Ces déchets qui s’entassent dans le lit de l’oued Méliane et sur les berges de son affluent sont une source de pollution tellurique, explique un médecin installé dans la région. Toxiques, ils vont être charriés par les eaux, s’infiltrer et contaminer la nappe phréatique, les zones agricoles de la plaine de Mornag qui est le maraîcher du Grand-Tunis, ainsi que le littoral». L’accélération de la croissance et de l’urbanisation urbaine dans les zones périphériques agricoles, qui a fait prendre de l’ampleur au phénomène des constructions anarchiques et qui n’a pas été accompagnée par la mise en place d’une stratégie communale de collecte et de traitement des déchets, est responsable aujourd’hui de la transformation de plusieurs zones agricoles en dépotoir à ciel ouvert. Le constat est sans appel, selon un habitant de la région de Mornag qui affirme que «si des solutions ne sont pas trouvées, on court tout droit vers une catastrophe écologique à grande échelle».