Accueil A la une Sidi Hassine | La police agresse un homme après l’avoir dénudé : Choquant, odieux et nuisible à l’image de la Tunisie

Sidi Hassine | La police agresse un homme après l’avoir dénudé : Choquant, odieux et nuisible à l’image de la Tunisie

• A l’origine de la scène insupportable, des heurts qui ont éclaté à Sidi Hassine entre les forces de l’ordre et quelques habitants qui voulaient accéder au poste de police suite au décès du jeune Ahmed lors de sa détention dans des « conditions suspectes ».
• Le ministère public près le Tribunal de première instance de Tunis 2 ordonne l’ouverture d’une enquête pour déterminer les raisons du décès.
• Sur sa page officielle, la Direction générale de la sûreté nationale donne une version tout à fait différente des faits !

L’intervention musclée des forces de police à l’encontre d’un jeune citoyen  à Sidi Hassine, quartier populaire de la capitale,  a choqué l’opinion publique. D’une violence inouïe, elle a acculé le second vice-président à l’Assemblée des représentants du peuple, Tarak Fetiti, à réagir énergiquement.

Ce dernier a appelé, lors de la plénière d’hier, le Chef du gouvernement, Hichem Mechichi, qui assure en parallèle les fonctions à la tête du ministère de l’Intérieur depuis janvier dernier, à présenter ses excuses auprès du peuple. Il a aussi appelé le directeur général de la sûreté nationale à ouvrir une enquête pour définir les responsabilités  suite à la circulation d’une vidéo sur les réseaux sociaux montrant une intervention policière d’une rare violence. S’exprimant plus frontalement, il a refusé que la dignité des Tunisiens soit bafouée et a fait savoir qu’il n’a jamais vu une scène pareille que lors des mauvais traitements commis au camp d’Abou Ghrib par les marines américains. C’est une insulte à l’État, commente-t-il.

La vidéo  qui a circulé sur les réseaux sociaux a montré un jeune homme (ou plutôt une loque humaine),  déshabillé en pleine rue, humilié et violenté par des policiers, ne pouvant plus se mettre à la verticale, puis conduit dans un fourgon des forces de l’ordre. A l’origine de la scène insupportable, des heurts qui ont éclaté ce mardi à Sidi Hassine entre les forces de l’ordre et quelques habitants qui voulaient accéder au poste de la police suite au décès du jeune Ahmed placé en détention.

La police a eu recours aux bombes lacrymogènes pour protéger les biens publics et privés et disperser des manifestants courroucés et chauffés à blanc après la circulation de certaines rumeurs sur les réseaux sociaux concernant le décès du jeune en question dans des «conditions suspectes».

Le ministère public auprès du Tribunal de première instance de Tunis 2 a ordonné l’ouverture d’une enquête pour déterminer les raisons du décès et le ministère de l’Intérieur a, dans un communiqué rendu public, appelé les citoyens à  coopérer avec les unités sécuritaires en vue de  restaurer l’ordre, assurer la protection des biens et des personnes dans cette région tout en les exhortant à ne pas croire aux  rumeurs colportées sur les réseaux sociaux.

Aucune réaction officielle de la part du ministère de l’Intérieur concernant la véracité de la vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux et qui a heurté les citoyens, ou du moins les circonstances de cette intervention musclée. Toutefois, sur la page officielle de la Direction générale de la sûreté nationale, c’est un autre son de cloche qui choque encore plus. Il s’agirait plutôt de «l’interpellation d’une personne surexcitée, en état d’ébriété,  et qui s’est débarrassée de tous ses habits et a refusé d’obtempérer aux ordres des policiers au moment de son arrestation!»

Encore une intervention policière musclée et entachée de dépassements certes, mais qui ne doit aucunement et surtout occulter les difficultés majeures inhérentes à l’utilisation de la force dans le cadre du  maintien de l’ordre donnant lieu à de multiples tensions et incidents graves entre citoyens et policiers.

Le recours croissant et exagéré dans certains cas des forces de l’ordre ces derniers mois, dénoncé et pointé du doigt par les observateurs, ne fait aujourd’hui que relancer les débats sur les «violences policières» dans le cadre du maintien de l’ordre public.

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