Selon les nouvelles réglementations, les importateurs et fabricants de chaussures doivent assurer la conformité des produits au niveau des caractéristiques physiques et mécaniques et des substances chimiques.
L’importation de chaussures connaît depuis des années une perturbation importante, ce qui a eu des impacts négatifs sur l’industrie locale de fabrication de chaussures. En effet, les industriels ont dénoncé, à plusieurs reprises, une importation massive des chaussures. Certes, leur prix est très élevé mais certains consommateurs ne jugent que par l’importé et ont recours automatiquement à tout ce qui vient d’ailleurs. A cela, on peut citer également la friperie qui importe des chaussures de fin de série à des prix intéressants. D’où la réaction des professionnels de mettre le holà à cette situation difficile qui ne leur permet pas de mener à bien leurs activités.
Le ministère du Commerce et du Développement des exportations a fini par prendre les dispositions nécessaires en vue de rationaliser les importations des chaussures selon certaines conditions. En effet, le ministère a appelé les importateurs et fabricants de chaussures et de produits similaires à respecter les nouvelles procédures réglementaires régissant la qualité des chaussures, lesquelles entreront en vigueur à partir du 21 août 2021. L’intérêt des consommateurs étant, en premier lieu, prioritaire et il est nécessaire de lui proposer des produits de qualité répondant à ses exigences. Ensuite, il faut préserver l’intérêt des industriels qui font travailler nombreuses personnes dans les unités de fabrication.
Marquage des produits
Les importateurs de chaussures et de produits similaires doivent fournir, ainsi, les informations nécessaires relatives au marquage des produits, telles que la composition, le pays d’origine, la marque commerciale, l’identité du fabricant ou de l’importateur fournisseur et son siège social, a ajouté le département du Commerce dans un communiqué. Il n’est pas toléré, à titre d’exemple, d’importer des produits des pays avec lesquels la Tunisie n’a pas de relations commerciales et économiques. Les importations de tous les produits se font selon un cahier des charges et des critères bien définis pour s’assurer que le produit importé répond aux normes nationales et internationales établies. Les importateurs sont donc tenus de respecter les procédures en vigueur avant d’effectuer les opérations d’importation des chaussures vers la Tunisie.
Selon les nouvelles réglementations, les importateurs et fabricants de chaussures doivent assurer la conformité des produits au niveau des caractéristiques physiques et mécaniques et des substances chimiques. Le ministère du Commerce a précisé que les chaussures de protection, de travail et de sécurité sont soumises dans leurs étiquetage et caractéristiques physiques et chimiques aux normes tunisiennes (NT31.106.31.109 et 31.110.) Ces normes visent, bien entendu, à protéger l’utilisateur des chaussures en bénéficiant d’un produit de qualité. Même les fabricants locaux sont tenus de prendre les précautions nécessaires lors de la fabrication en maniant avec prudence les matières chimiques entrant dans la fabrication des chaussures.
Une meilleure organisation du secteur
Cette nouvelle procédure constitue un début d’organisation du secteur qui a souffert d’un laisser-aller de la part des autorités publiques malgré les appels lancés par les professionnels. A noter que le secteur est scindé en deux domaines, à savoir industriel et artisanal. Plusieurs entreprises étrangères ou mixtes travaillent pour le marché local et l’exportation ou sont totalement exportatrices.
Ces entreprises, dans leur majorité, ont toujours respecté les normes en vigueur, notamment pour les articles destinés à l’exportation.
Quant aux artisans, ils utilisent des matières naturelles et sont, en général, en conformité avec les normes établies. Le problème se situe au niveau de certains industriels qui n’hésitent pas à utiliser à profusion des matières chimiques nocives et qui peuvent causer des infections aux consommateurs. Certaines chaussures importées comportent également des défauts de fabrication et sont écoulées partout dans le monde.
La Tunisie œuvre à réglementer l’importation de chaussures en vertu du décret gouvernemental numéro 571 de l’année 2020, du 7 août 2020 relatif aux chaussures et articles similaires et la décision publiée par les ministres de l’Industrie et du Commerce au Journal officiel n°83 de 2020 du 21 août 2020. Ce décret fixe les exigences de base qui doivent être respectées par les fabricants de chaussures et articles similaires lors de la mise ou l’exposition des produits sur le marché.
Les consommateurs ont également leur rôle à jouer lors de l’achat des chaussures en optant pour celles qui sont fabriquées dans les normes et comportant des étiquettes du fabricant ainsi que les pays dans lesquels elles ont été fabriquées. C’est que l’on a constaté que certaines chaussures ne comportent aucun signe et sont de source inconnue. Importées par le biais de la contrebande, ces chaussures peuvent constituer un vrai risque pour les consommateurs qui dépensent le prix fort pour les acheter.
Les nouvelles dispositions comprennent de nouveaux engagements liés au marquage et à la définition des caractéristiques physiques et mécaniques et les substances chimiques visant à assurer la santé et la sécurité du consommateur et la fourniture de chaussures de haute qualité.
Elles s’appliquent aux opérateurs économiques à des fins d’exposition, de mise sur le marché ou de distribution à titre gratuit des chaussures et articles similaires.
A noter que le secteur du cuir et chaussures représente 4% de la production des industries manufacturières avec un chiffre d’affaires estimé à 2.000 millions de dinars.
Les exportations du secteur sont estimées à 1.260 millions de dinars. La filière compte, actuellement, 224 entreprises, employant environ 26.000 personnes en plus de 3.000 artisans. 72% des entreprises sont totalement exportatrices.
Il est nécessaire de préserver ces emplois par une meilleure organisation du secteur et notamment par une rationalisation des importations. La production nationale est en mesure, à elle seule, de satisfaire les besoins locaux. Mais les citoyens demeurent libres d’acheter les produits qui leur conviennent à condition que celui-ci soit conforme aux normes.