Point de vue | Le calvaire d’un talent!

Si Ons Jabeur a fait rêver tous les Tunisiens et non seulement les gens du tennis, ça ne voulait pas dire que la vie d’un champion est très belle en Tunisie. Ons Jabeur est une vraie exception à tous les niveaux. Depuis quelques jours, Aziz Dougaz, un talent confirmé en tennis et qui a émergé depuis 5 ans déjà, a défrayé la chronique avec un exaspérant post facebook où il a exprimé même l’envie d’arrêter le tennis. Ce champion a exprimé son ras-le-bol, sa lassitude de militer seul dans un sport très exigeant et qui demande beaucoup de moyens. Il est seul, il se déplace à sa charge en ce moment d’un tournoi à un autre pour arriver 4 heures avant un match ! Aziz Dougaz a été lâché par la FTTennis, tout comme Skander Mansouri, un autre talent confirmé du tennis tunisien. Ils n’ont pas de budgets, on ne les écoute pas pour un contrat objectif et pour un encadrement élite (c’est leur droit). Personne ne s’intéresse, personne ne se soucie, Dougaz comme Mansouri sont livrés à eux-mêmes et vivent cette frustrante injustice. Pourquoi la présidente de la FTT ne leur accorde pas un peu d’intérêt ? Pourquoi le ministère des Sports et son département élite ne viennent pas en aide à ces deux joueurs (et à d’autres) pour voir qu’est-ce qu’on peut faire ? Ce post que Aziz Dougaz a écrit est quelque chose de lourd. De très douloureux. Le plus dur c’est cette indifférence, ce « mépris » envers des athlètes de haut niveau qui jouent avec un énorme courage, mais ça ne suffit guère. On peut perdre Aziz, Mansouri, et beaucoup d’autres joueurs et athlètes dans tous les sports, et quand on les perd, c’est l’échec collectif d’une misérable approche d’élite. Quand on les perd, c’est plus de 15 ans de formation de jetés à la mer. Aziz Dougaz n’a que son courage et son abattage pour tenir encore; lui et Skander Mansouri et aussi tous ces athlètes de haut niveau qu’on ne valorise pas. Leurs rêves de réussir à l’international deviennent petit à petit des illusions face à l’amère réalité et face à cette insouciance des présidents des fédérations qui ne sont là que pour servir leurs intérêts, et jamais ceux de leurs champions. Et pourtant, de petits gestes d’encouragement, de respect, de valorisation suffisent pour donner cet espoir de rester en course. Aziz Dougaz a déjà le soutien de ses fans et de ses amis, mais suffira-t-il pour des performances de haut niveau ?