
Tawassel 2020.21 porte sur la création chorégraphique, en questionnant son contexte, ses moteurs, ses enjeux, son impact et les attentes qu’elle suscite auprès du public, d’une part, mais également chez les artistes face à leur processus de création.
IJA ! Chouf, c’est un rendez-vous mensuel, proposé par l’association Al Badil-Alternative Culturelle autour d’un invité et/ou d’un collectif en lien avec la thématique du mois. Une occasion de découvrir différents univers.
Le thème du mois de juillet est «Entrepreneuriat culturel en Tunisie : défis de la durabilité» et cette édition de IJA ! Chouf a invité deux des membres fondateurs de l’association Hayyou’Raqs : les deux danseuses et chorégraphes Cyrine Douss et Malek Sebai. Au cours de la rencontre, on a pu découvrir le film documentaire sur la première édition du porjet Tawassel. «Hayyou’Raqs» est un jeu de mots qui signifie à la fois «Saluez la danse», «Vivante la danse» et «Cité de la danse». L’ambition de l’association est de rassembler les acteurs de la danse en une communauté d’échanges positifs et constructifs, et ce, afin de contribuer ensemble à une réflexion sur les métiers de la danse et les formations liées, en passant par le danseur, le chorégraphe et le professeur de danse en Tunisie.
Leur projet Tawassel a été décliné, jusqu’à maintenant, en deux éditions : la première, en 2017-2018, intitulée «Sensibilisation à la Formation et Pratiques en danse» , a questionné la place de la danse contemporaine qui est encore considérée comme une pratique en marge de la culture artistique dominante en Tunisie, proposant 20 stages de danse et une partie de sensibilisation avec l’implication de jeunes amateurs dans les maisons de culture. Volet formation, il était question d’un programme de 5 sessions de cours (différents styles) pour danseurs professionnels avec l’intervention des artistes locaux, à l’instar de Sondoss Belhassen, Khira Oubeidallah, Nawel Skandrani et Imed Jemaa, outre des étrangers.
Les structures étatiques de formation en danse demeurent absentes en Tunisie. Nos aspirants danseurs n’ont pas accès de manière gratuite et continue à de vrais cursus de danse. Ils manquent d’espace pour pratiquer et profiter de cours quotidiens comme le ferait d’une manière naturelle n’importe quel danseur sous d’autres cieux.
C’est par rapport à cela que Tawassel veut, entre autres, intervenir en fédérant des artistes, en sensibilisant, en proposant des idées, des initiatives et en intervenant sur certaines thématiques et autres volets autour de la danse. «L’aventure a commencé en 2014 et émane d’une envie de rassembler et de fil en aiguille va naître l’association avec pour principale mission de travailler sur la formation. Les membres fondatrices étaient Mariem Guellouze, Nessrine Chaâbouni, Sonia Bouzouita et Hajer Arfaoui, moi, j’ai rejoint le projet et m’y suis investie plus tard», affirme Malek Sebai.
«Le projet est le fruit de longues discussions sur la situation de la danse en Tunisie, de l’envie de rassembler et de mettre en relation les différents groupes. Nous avions en commun nos différentes expériences à l’étranger et l’envie de ramener un peu de ça en Tunisie, de simplifier les choses par rapport aux problématiques de circulation des artistes et mettre à disposition nos réseaux respectifs pour ramener des artistes, créer des rencontres… Le but premier était d’organiser des rencontres et des stages avec des artistes tunisiens et étrangers», ajoute Cyrine Douss.
Pour Malek Sebai, sans financements, ces initiatives sont vouées à être ponctuelles. Elle ajoute : «Le projet doit être un levier, soit transformé par d’autres associations, soit à travers plus de considération de la part du public et/ou du privé qui prennent plus en considération ce genre d’action. Nous avons du mal à installer une pérennité, à travailler sur le long terme, de manière à pouvoir créer sur la possibilité d’une pratique artistique quotidienne. On ne peut pas ouvrir une porte pour la refermer après… Les maisons de culture sont un gros volet et proposent un terreau très intéressant; arriver à creuser quelque chose avec ces structures aurait une énorme valeur ajoutée.»
Cyrine Douss la rejoint pour souligner le manque de moyens pour assurer les choses dans la durée. «Tout l’écosystème est à définir, à construire. Nous, de notre côté, essayons de sensilibiser et d’intervenir sur certaines thématiques et certains volets. Nous avons, heureusement, cette possibilité, tout n’est pas sclérosé, tout est à faire».
La deuxième édition du projet Tawassel 2020.21 porte sur «La création chorégraphique en question». «Nous avons voulu réadapter et réajuster les choses avec un focus sur la création chorégraphique, en questionnant son contexte, ses moteurs, ses enjeux, son impact et les attentes qu’elle suscite auprès du public d’une part, mais également chez les artistes face à leur processus de création, d’autre part», informe Douss.
Pour ce faire, le projet souhaite contribuer à l’accompagnement de jeunes chorégraphes tunisiens en leur proposant une formation courte sous la forme d’un tutorat chorégraphique. L’objectif final sera la création de cinq œuvres, nées de la rencontre entre de jeunes chorégraphes et de jeunes danseurs amateurs des maisons de culture partenaires. Après un laboratoire de création, les œuvres courtes seront présentées au public.