
Entre le désir de se maintenir et la quête de légitimité
Les partis politiques doivent regretter le bon vieux temps, lorsqu’ils soufflaient le chaud et le froid. Ce temps-là semble bien révolu. De droite à gauche du spectre politique, certains de leurs députés sont sur la sellette, y compris ceux qui ne cessent de soutenir —tout en le faisant savoir — les décisions dites du 25 juillet. Leurs dirigeants continuent à faire la sourde oreille et se comporter comme des acteurs essentiels qui ont leur mot à dire dans tout. Cherchez l’erreur !
Les partis politiques , en premier lieu, ceux qui ont soutenu becs et ongles les mesures exceptionnelles prises par le Président Kaïs Saïed, la soirée du 25 juillet 2021, se battent aujourd’hui pour convaincre, qui veut bien les entendre, que ces mesures-là sont à la fois historiques, légitimes, salvatrices et porteuses déjà d’une nouvelle vision pour la construction d’une Tunisie démocratique et respectueuse des droits de l’Homme, des libertés publiques. Une Tunisie guérie ou en passe de l’être du cancer de la corruption, des corrompus et des corrupteurs.
Les feuilles de route sont légion assorties de recommandations contradictoires ; maintenir le gel du parlement, retour au fonctionnement normal, mettre en place un hémicycle débarrassé des députés qui font l’objet d’une action judiciaire en cours, avec «les réajustements nécessaires pour qu’il soit assaini des éléments corrompus».
Dans l’attente de la mise en place d’un nouveau système politique avec de nouvelles institutions, beaucoup de Tunisiens commencent à s’impatienter, certes, mais leur impatience ne signifie nullement une volonté de faire marche arrière.
Le 17décembre-14 janvier ayant généré des malheurs, des injustices, des dépassements en tous genres. On qualifie déjà ces années de décennie noire. C’est dire !
Mais des exhortations dignes d’une autre ère qu’on croyait révolues à jamais fusent de toutes parts. Elles traduisent essentiellement les préoccupations et les ambitions d’une classe politique et d’un corps associatif qui n’ont pas réussi, malheureusement, à s’adapter aux défis de l’étape.
Une incapacité manifeste à comprendre ces nouvelles donnes qui exigent de nouvelles grilles de lectures et sans doute de nouvelles postures.
En témoigne le dernier communiqué publié par le bureau politique d’Ennahdha dans lequel il appelle à lever le gel du Parlement, à ouvrir la voie au dialogue et à lever immédiatement les résidences surveillées et les interdictions de voyage. L’on comprend aisément que du côté de Montplaisir, l’on continue à faire la sourde oreille ou alors à faire preuve d’une profonde incapacité à s’adapter à cette nouvelle situation.
Les stratèges d’Ennahdha n’ont-ils pas encore tiré les bonnes conclusions ? Après avoir fait le dos rond pendant quelques jours, ils reviennent à leur ancienne rhétorique, dans l’attente d’une bouée de sauvetage envoyée par les amis et alliés mais qui ne vient toujours pas.
Idem pour le parti du Courant démocratique, celui qui compte parmi ses leaders des figures bien connues, comme Samia Abbou, Ghazi Chaouachi, Nabil Hajji ou Hichem Ajbouni, qui ont soutenu avec tambour et trompette le 25 Juillet. Ainsi la feuille de route qu’ils viennent de publier comprend un véritable programme d’action dont la mise en œuvre requiert, au bas mot, cinq années.
Et si l’on se hasardait à penser que le Président de la République adopte le un cinquième dudit programme, on serait obligé de s’attendre à ce que Mohamed Abbou et ses amis accompagnent Kaïs Saïed dans sa mise en œuvre.