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Formation professionnelle : Trop de paroles, peu de résultats !

Après dix ans de post-révolution, le bilan semble peu reluisant. Bref, s’il n’est jamais resté statique, ce secteur n’a pas beaucoup évolué. Au concret, il lui manque un vrai coup de maître.

Pour tout chantier de maçonnerie, plomberie, électricité ou autres travaux d’entretien ou de réparation à domicile ou ailleurs, aller chercher un bon professionnel qualifié relève d’un véritable calvaire. Bien que le marché local en ait largement besoin, ces mains-d’œuvre soi-disant diplômées de la formation professionnelle qui coûte déjà cher à la communauté nationale, n’ont pas le vent en poupe. Artisanat, menuiserie, soudure, techniques hôtelières et bien d’autres filières classées « prioritaires » ont également connu le même sort. L’Agence tunisienne de formation professionnelle, le sait très bien.
Accomplir son cursus d’apprentissage, et même initier, en alternance, à certains métiers censés trop sollicités, ne garantit forcément pas la chance d’intégration. Dire que la formation est un tremplin pour l’emploi n’est pas, jusque-là, évident. Alors qu’elle a tout pour être réellement une voie de succès, de par ses techniques pédagogiques et ses acquis du savoir et logistiques capitalisés au fil du temps. A son actif une expérience presque séculaire qui lui aurait valu d’être un vivier de compétences, mais aussi un filon d’emplois. La formation professionnelle était, pour longtemps, une alternative pour les décrocheurs scolaires et ceux voulant s’installer à leur propre compte. Donc, son effet de polarisation des postulants moins de 16 ans pour s’y inscrire aurait dû être ravageur et persuasif, vu que la loi tunisienne interdit tout abandon scolaire prématuré. Ce qui n’est toujours pas le cas. A preuve, plus de la moitié des sans-emplois ne sont ni des diplômés du supérieur ni de la formation professionnelle. Ironie du sort ! Où sont partis ces chômeurs non identifiés ? Que deviennent-ils ?

Des failles, à bien des égards !

Il y a, certes, une crise de communication et d’information et des failles, à bien des égards. La politique générale de réforme et de promotion de la formation fait aussi défaut. Sauf que des idées figées visant à recoller les morceaux, ou tout juste pour marquer le coup. L’on verse, à maintes fois, dans le replâtrage. Dix ans de post-révolution, le bilan semble peu reluisant. Bref, s’il n’est jamais resté statique, ce secteur n’a pas beaucoup évolué. Au concret, il lui manque un vrai coup de maître. Bien que des ministres se soient succédé à la tête du ministère de la Formation professionnelle, aucun parmi eux n’a eu gain de cause. Il n’y avait que de vieux projets ressuscités, remontant à l’époque révolue: politique active d’emploi, « chèque de formation », passerelle entre formation et université, programme d’apprentissage répondant aux spécificités des régions, et bien d’autres qui ont n’ont rien ajouté ni au secteur ni à ses demandeurs. Le ver est dans le fruit !
Soit des ministres qui naviguent à vue. Pourtant, ceux-ci n’avaient pas, alors, manqué à des apparitions médiatiques prétentieuses et des promesses de feu de paille. Leurs engagements quant aux plans d’action décidés ont été si pompeux qu’ils n’aboutissaient à rien. Plus souvent, ils se voyaient mâcher les mêmes mots et les mêmes déclarations. Ils disaient, à maintes fois, que la formation est un tremplin pour l’emploi, voire l’avenir des générations. Et que le secteur allait redorer son blason et réanimer le partenariat public-privé. Des mesures furent, alors, annoncées, sans être suivies d’effet. Autant dire, chaque nouveau ministre tire un trait sur le passé, se voulant être l’homme précurseur. La continuité de l’Etat est perçue ainsi comme le cheval de Troie. Pour qui sonne le glas ? Qu’en est-il de l’argent investi dans la formation?

Sortir des sentiers battus

La responsabilité de ces ministres est grande. Leur passage à vide n’a fait que perpétuer la crise de gouvernance et l’avoir léguée à leurs successeurs. Maintenant que les dés sont jetés, on devrait regarder en arrière pour pouvoir aller de l’avant. Car, l’intelligent est celui qui apprend des erreurs d’autrui. Doter, ces dernières années, l’Atfp, agence mère de la formation et son acteur principal, d’une vision nouvelle s’inscrit dans cet esprit. Sa nouvelle devise se définit, alors, en quatre mots : appartenance, excellence, innovation et redevabilité. Soit un nouveau défi : sortir des sentiers battus. Car, faire de la formation un tremplin pour l’emploi n’est pas un simple slogan. Sinon, on revient à la même case départ. Du reste, on s’attend à ce que la formation professionnelle fasse sa propre révolution.

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