Kebaïer ne veut pas changer : il craint trop ses adversaires. Pour la CAN du Cameroun, nous étions bien servis.
Tout le monde s’accorde à dire que nous avons eu un tirage au sort assez clément pour la CAN 2021. Sauf, bien sûr, Mondher Kebaïer, fidèle à son habitude pour prévenir contre les trois adversaires de l’équipe de Tunisie. Bien sûr que pour un sélectionneur, son approche diffère d’un homme des médias ou d’un supporteur de sélection qui voient les choses d’un angle différent.
Kebaïer joue l’humilité, la discrétion et c’est son droit le plus absolu. Mais ses déclarations après ce tirage au sort mettent en profil quelqu’un de prudent (trop), méfiant (trop) et surtout peu ambitieux (trop).
Tout en respectant ses adversaires, notre équipe de Tunisie doit être dominante, doit afficher clairement une partie de ses ambitions. Et qui mieux que le sélectionneur national, véritable patron à bord, pour le dire. Cela revient toujours dans les dires de Kebaïer.
Il n’aime pas assumer le statut de favori, il ne dit pas qu’il joue pour le titre. On ne sait pas si ça se fait uniquement pour éviter la distraction, mais on aurait aimé voir Kebaïer dire que nous irons au Cameroun pour disputer nos chances de remporter le sacre.
C’est l’objectif «légitime» de cette équipe de Tunisie qui a des moyens logistiques fous. Et qui a un bon effectif où il y a une ossature de joueurs expatriés. Et même si cet effectif a été un peu surestimé par rapport à l’Algérie, le Maroc ou le Sénégal, on demeure convaincu que notre équipe peut aller loin dans cette CAN. Il suffit d’y croire et il suffit de soigner quelques détails tactiques et individuels. On se souvient de 2019 quand nous étions si proches d’une qualification en finale. Ça s’est joué sur un rien, pour vous dire que l’équipe de Tunisie, à travers ses participations, à travers les qualités de ses joueurs, reste une variable imprévisible pour ses adversaires.
Elle reste capable du meilleur comme du pire. Et sur une compétition officielle, comme la CAN, on a souvent prouvé que le joueur tunisien aime évoluer petit à petit pour élever le régime au gré de la compétition. Cela doit être bien clair dans la tête des joueurs : ils ne sont pas «outsiders», bien au contraire, ils sont favoris. Ils doivent assumer ce statut conforme à nos valeurs footballistiques.
Mondher Kebaïer en est-il conscient? On suppose que oui, car le contraire sera fatal. Mais avant cela, Mondher Kebaïer aura les éliminatoires du Mondial à disputer, et en fonction de ses résultats, il sera maintenu ou non. Deux matches en septembre, deux autres en octobre qui vont décider du sort du sélectionneur. Wadï El Jary sait bien que le Mondial est la condition de base à la survie de son bureau fédéral. Avant de parler CAN, attendons ces premières journées des éliminatoires du Mondial. Ce sera une dernière chance pour Kebaïer et son adjoint. Il devra monter en régime et permettre à l’équipe de Tunisie de gagner et de voir si grand. Autrement, il y a un ex-sélectionneur prêt à prendre la place illico !
