Un crime sans nom, qui a mis fin, dans des conditions atroces, à la vie d’une famille «sans histoire», a ébranlé, dimanche dernier, la ville du Bardo d’ordinaire si calme. C’est l’impression que donnait en tout cas ce couple composé d’un musicien et d’une enseignante dans un lycée, jusqu’à ce qu’on les découvre, hier, baignant dans une mare de sang après avoir été égorgés. La découverte macabre des corps sans vie dans leur domicile a donné lieu, au début, à une première version des faits selon laquelle le père de famille aurait, sous l’emprise de la drogue et suite à une enième dispute avec sa femme à cause de problèmes d’argent, décidé, dans un geste de désespoir, de mettre fin à ses jours. Ce dernier aurait souffert de troubles psychologiques par le passé qui pourraient expliquer ce geste désespéré ayant conduit à ce crime familial d’une rare violence. Toujours selon cette version, les deux garçons du couple dont l’un venait de décrocher son baccalauréat ont été lâchement assassinés par le père avant que ce dernier ne se suicide après avoir égorgé leur mère.
Mais un nouveau rebondissement dans la présentation des faits viendra infirmer l’ancienne version du drame telle qu’elle a été présentée jusqu’ici. Ce serait le fils aîné qui serait le principal auteur de ce crime odieux. L’adolescent, qui se serait violemment disputé avec son père dans la soirée du dimanche aurait décidé de passer à l’acte en égorgeant son paternel avec un couteau et en assassinant également son frère et sa mère. Sa sœur, qui se trouvait à ce moment-là en dehors de la maison, a pu échapper miraculeusement à la mort. On ignore encore tout des causes, du mobile et de l’état mental dans lequel se trouvait l’adolescent quand il a tué un à un un les membres de sa famille avant de se donner la mort d’un coup de couteau. Souffrait-il d’une grave dépression? Ressentait-il de la haine et de la rancœur pour son père? Le fait que ce dernier se droguait et avait probablement besoin d’argent pour se procurer des stupéfiants nous fait supposer que cela l’empêchait de subvenir aux besoins de ses enfants et créait des tensions au sein de la famille; ce qui a probablement été la goutte qui a fait déborder le vase. Mais il ne s’agit là que de simples supputations. L’enquête qui a été ouverte permettra de déterminer les causes exactes de cet assassinat abject qui révèle à quel point le phénomène de la violence a pris des proportions considérables au sein de notre société depuis le début de la révolution.