Le cumul de plusieurs facteurs entache, aujourd’hui, la commercialisation et l’exportation des dattes et menace les revenus de ces petits exploitants agricoles.
Les temps sont durs pour les petits exploitants agricoles de la filière dattière. En effet, la pandémie du covid-19 a eu et continue d’avoir des répercussions négatives considérables sur les circuits de production et de commercialisation des dattes. Près de 50.000 petits agriculteurs—chacun à la tête d’une exploitation qui s’étend sur une superficie conprise entre 1 et 2 hectares et sur laquelle sont plantés en moyenne une centaine de palmiers—risquent de vendre leur production à perte, bien en deçà de leur prix de revient.
Mais comment en est-on arrivé là, alors que la Tunisie est classée parmi les dix plus grands producteurs et exportateurs mondiaux de dattes? Ce serait le cumul de plusieurs facteurs qui entacherait aujourd’hui la commercialisation et l’exportation des dattes et menacerait les revenus de ces petits exploitants agricoles. La pandémie du covid-19, qui a entraîné la fermeture des frontières à l’international pendant plusieurs mois l’année passée, a généré un ralentissement considérable des exportations de dattes sur les principaux marchés et entraîné une accumulation des stocks de la production de 2019 et 2020 qui n’ont pas été complètement écoulés. Le cumul des stocks des saisons précédentes va conduire, cette année, les exportateurs à exiger des petits exploitants agricoles à qui ils achètent leur production de revoir leur prix à la baisse, quitte à ce qu’ils vendent leurs dattes en dessous de leur prix de revient.
Ce qui représente une véritable catastrophe pour ces derniers au regard des conditions difficiles et des besoins en eau et en ressources humaines et matérielles que nécessite la récolte des dattes (engrais, eau, élagage, choix des régimes, traitement anti araignée, cueillette….). Finalement, ce sont les exportateurs qui font la pluie et le beau temps au sein de la filère des dattes, au détriment des petits agriculteurs contraints d’accepter les prix qu’ils leur imposent.
La loi qui régit actuellement la filière ne leur permet pas de fixer leurs prix ni d’exporter directement leur production à l’étranger. Ces derniers doivent obligatoirement passer par des collecteurs mandatés par les exportateurs pour acheter les dattes cueillies dans les palmeraies. Alors que le prix de vente devrait être compris, entre 3 et 4 dinars pour que les petits producteurs puissent rentrer dans leurs frais, il ne risque pas de dépasser cette année deux dinars le kg, ce qui correspond au coût de revient de l’ensemble des variétés de dattes. Une situation aujourd’hui difficile et qui risque de devenir intenable pour les petits exploitants agricoles qui ne sont soutenus ni par l’Utap, ni par le Synagri. «Mettre en place une plateforme digitale d’offre et de demande peer to peer, fixer des prix de référence en juin de chaque année, aider au stockage de manière à maintenir le prix des dattes stable tout au long de l’année, permettre l’exportation à tous les professionnels avec le respect des conditions sanitaires et un cahier des charges allégé, multiplier les points de vente du producteur au consommateur…», c’est ce que propose Hassan Zargouni, fondateur de Sigma Conseil, dans un post publié sur sa page facebook, afin d’apporter une bouffée d’oxygène à la filière.