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Un mauvais message

Ils étaient visibles. Les journalistes qui couvraient mercredi une manifestation à l’avenue Habib Bourguiba, portaient les dossards du Snjt. Pourtant, ils ont été pris à partie par les policiers, également en tenue de service. C’est la plus grande démonstration de violence envers les journalistes après l’incursion des forces de l’ordre dans le siège de l’agence TAP pour imposer l’installation de Kamel Ben Younès, désigné à l’époque nouveau P.-d.g. de l’établissement, malgré le refus des journalistes. Le lot d’insultes, de menaces, de destructions de matériel et d’interventions musclées dont les forces de l’ordre ont fait usage fait ressortir que, lors d’événements publics, les agents ignorent encore ou ne tiennent pas suffisamment compte de l’obligation qui leur incombe de protéger les acteurs des médias et leur matériel. L’objectif était d’interdir de filmer les échauffourées entre manifestants et forces de police, semble-t-il.

Pourtant, le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) avait classé le ministère de l’Intérieur, dans son rapport sur l’état de liberté de la presse en Tunisie pendant la période entre le 1er mai 2020 et le 30 avril 2021, parmi les premiers responsables d’agressions ciblant les journalistes et d’atteinte à la liberté de la presse. Les membres du bureau exécutif du syndicat avaient déclaré que 206 agressions ont été recensées durant la période couverte par l’étude, soit le plus lourd bilan enregistré au cours des trois dernières années.

Selon ce rapport, les policiers et les syndicats sécuritaires sont responsables de 44 agressions. Ce qui fait que couvrir des manifestations devient de plus en plus risqué, coûteux et imprévisible pour la sécurité des journalistes sur le terrain. En effet, la prolifération des obstructions exercées lors de manifestations par les forces de l’ordre, en l’occurrence les agressions physiques, les actes d’intimidation, les arrestation et les placements en détention, ou encore les ordres exigeant d’arrêter de filmer ou interdisant l’accès à certains lieux, deviennent des actes délibérés dans l’impunité totale. Ils entravent la mission des journalistes pour bien mener leur devoir d’informer et d’archiver les dérives sécuritaires intolérables pour un pays démocratique. Ils renvoient un mauvais message à l’opinion publique nationale et internationale en cette période où plusieurs ONG alertent sur une possible dérive totalitaire à cause des mesures exceptionnelles énoncées le 25 juillet dernier. Le nouveau ministre de l’Intérieur ainsi que la présidence de la République ne doivent pas passer sous silences ces abus contre les médias. 

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