Exagération typique du peuple clubiste, ou constat lucide ? Un fait est certain : il aura suffi d’une mobilisation générale du haut de la pyramide du club jusqu’à la base pour que le CA s’enflamme de nouveau et que fleurissent les « on est de retour» chez les supporters du club de Bab Jedid. C’est légitime en cette période précise avec un CA version 2021-2022 qui fait forcément saliver.
Concocté par l’exécutif et dressé par Montassar Louhichi, le groupe actuel promet de tenir la dragée haute à ses concurrents, quoique seule la vérité du terrain nous en apprendra davantage sur le degré de compétitivité d’une équipe qui revient de loin. Mais que s’est-il passé pour que le CA émerge à nouveau ? Une reprise en main énergique, une union sacré décrétée, une symbiose sur fond de solidarité qui porte ses fruits, un grand pardon initié dès le début du changement, le retour à une lucidité qui a tant manqué à un mastodonte qui s’est montré quelque peu condescendant depuis quelque temps. Actuellement, outre la bonne approche sportive entamée par les décideurs, la bonne gestion des deniers de l’association a été plus que fructueuse. Au final, le CA est à nouveau «bankable» et donc ambitieux. Cerise sur le gâteau, l’équipe peut à présent se renforcer et plus seulement se limiter à compter sur les jeunes du cru dont certains n’avaient même pas achevé leur formation de base, la saison passée. C’était en effet contraignant pour eux de porter un maillot qui pèse lourd. Mais ce CA-là avait-il le choix ? Aujourd’hui, après quelques étés moroses, traversés par des interdictions et sommations en tout genre, suivies de saisons ternes, le CA plane à nouveau sur son petit nuage. En ce mois de septembre, entre un hyper-président qui joue sa partition sans fausse note et un entraîneur taillé sur mesure pour le club, la ferveur renaît et les voyants sont à nouveau au vert. Bref, le CA est actuellement gonflé d’ambition, notamment après les dernières emplettes réalisées en cette fin d’été. Assurément, à quelques jours des trois coups de la saison, le CA déborde de belles promesses. Un CA qui a su se réinventer, se refaire la cerise, recouvrer la santé et, par extrapolation, se remettre en état d’avancer. Bien entendu, c’est le formidable public clubiste qui a montré la voie à suivre en dégageant le chemin pour la réussite de la transition au sommet de l’association. A force de ténacité, de persévérance et de suite dans les idées, les irréductibles fans ont commencé à envoyer «valser» les boulets du club et les remplacer par des hommes qui jouissent d’une toute autre réputation dans les milieux clubistes. Après avoir sauvé ce qui pouvait l’être et assuré l’essentiel en fin de saison dernière, ils ont mis la main à la poche et une autre à la pâte. Un contrat de confiance a ainsi été établi entre les supporters et les dirigeants. Des dirigeants qui sont passés à l’étape suivante, celle de la reconstruction après la réconciliation. Ce faisant, bien aidés par les rallonges du public et des différents mécènes, les décideurs ont tout d’abord épongé, remboursé, réglé, allégé la masse salariale et amorti ce qui doit l’être avant de se projeter à nouveau sur le marché des transferts après la délivrance. Et depuis quelques jours, on s’active donc à dessiner les contours d’un nouveau CA que l’on veut fringant, fougueux, pétillant et surtout tonique.
Relativiser les ambitions sans les interdire
Depuis quelques jours, après la levée de l’interdiction de recruter qui frappait le club, le président Youssef Elmi et ses compagnons ne se sont pas précipités mais ont opté pour une certaine cohérence. Pas de recrutement massif mais des emplettes ciblées selon des postes précis à pourvoir. L’objectif est de monter une équipe qui tienne la route, un onze endurant qui permette au CA de nourrir à terme de plus grandes ambitions. On peut ainsi s’avancer à dire qu’après les recrutement de Nabil Lamara, Ali Amri , Abdennour Belhocini, Amado Sabo, Larry Azouni, joint au retour de Gaith Yeferni et Nader Ghandri, viser le podium, c’est déjà dans les cordes du CA. Et pourquoi pas un peu plus haut si affinités, même si volet flux sortant, l’équipe enregistre le départ de Bassirou Compaoré. Qu’à cela ne tienne et quoique l’on dise, le fait est que le CA est actuellement sur la bonne voie. Le club n’est plus englué dans des luttes intestines et les décideurs ont, depuis leur intronisation, amorcé une sortie de crise qui avait atteint son point culminant en première partie de saison passée. Le mal était profond en cette période particulière.
Et force est de constater qu’au sein d’un club sanguin, ce fut un tour de force que de ramener le calme, mais c’est bien cette saison, sur un exercice complet, que l’impact réalisé pourra être vraiment jugé. Sur ce, si le tableau n’est pas encore fini, l’ensemble est déjà prometteur et les visées sont légitimes. Ces mêmes visées sont cependant à relativiser, car il faudra probablement du temps au Club Africain pour tourner à plein régime après ce remaniement (fût-il partiel) de l’effectif. Et la patience est rarement de mise au CA, même si l’opportunité de voir l’équipe réaliser une belle saison n’est certainement pas à exclure. En clair, si la patience n’est pas la vertu première des supporters clubistes, il ne faut pas oublier ce que l’exécutif en place essaye actuellement de bâtir, brique par brique. Mettre un peu de vision à long terme, un peu de rationalité, dans un microcosme très agité, doit être apprécié à sa juste valeur.