Quels messages doit-on saisir de la déclaration publiée récemment par le G7, appelant à la mise en place d’un Parlement dans les prochains jours, d’une part, et que doit-on tirer, d’autre part, du communiqué d’Ennahdha, où l’on décèle un haussement de ton contrastant avec les anciennes positions appelant à l’apaisement ?
Faut-il solliciter les services d’un grand stratège diplômé de Harvard ou de Princeton spécialisé ès décryptages des communiqués publiés par les ambassadeurs du G7 à Tunis ou par l’ambassade américaine dans notre pays pour comprendre que « nos amis américains et nos partenaires européens ont exigé le retour du Parlement dont les activités ont été gelées par le Président Kaïs Saïed (c’est-à-dire les députés nahdhaouis, d’Al Karama, de Qalb Tounès et des autres partis, y compris les députés qui ont déjà annoncé leur démission) ou lui ont conseillé la mise en place d’un nouveau Parlement qui sera issu de nouvelles élections législatives qui seront, elles aussi, considérées comme anticipées dans la mesure où le mandat législatif actuel devrait expirer normalement fin 2024 ?
On se pose la question et on attend la réponse en relevant, toutefois, que personne parmi les chroniqueurs, les analystes, les politiciens et les diplomates en exercice ou à la retraite qui ont essayé d’apporter une réponse à cette question n’ont réussi à éclairer la lanterne des citoyens qui veulent savoir si nos «amis et partenaires» poussent pour le retour des islamistes et de leurs alliés au pouvoir ou s’ils ne sont qu’en train de se comporter le plus normalement du monde en tant que partenaires de la Tunisie, soucieux de savoir où va notre pays et aussi de l’avenir des rapports de coopération de leurs pays avec le nôtre et inquiets également — il faut bien l’avouer — du devenir de leurs entreprises qui investissent déjà chez nous ou de celles qui envisagent de le faire ?
Et notre soif de savoir où va la Tunisie et de déceler si les mesures exceptionnelles vont être levées prochainement pour que notre pays revienne à l’état qui y prévalait avant le 25 juillet 2021 de s’approfondir quand on essaye de comprendre les messages tacites que recèle le dernier communiqué officiel publié par le bureau exécutif d’Ennahdha où le parti islamiste est revenu à ses positions initiales, considérant les mesures exceptionnelles du 25 juillet comme étant anticonstitutionnelles.
Il met, également, en garde contre «les conséquences de l’état d’incertitude dans lequel se trouve le pays depuis les annonces du 25 juillet ».
Des annonces qui n’ont fait, souligne le communiqué, « qu’aggraver la crise politique, financière et sociale et nuire à l’image du pays ».
Que peut-on saisir du changement de ton observé par Ennahdha contrastant avec ses dernières positions où Mohamed Goumani, chef de la commission chargée de la gestion de la crise au sein du parti, considère que la dynamique déclenchée le 25 juillet constitue une nouvelle étape sur la voie de la consécration du processus démocratique, étape « à laquelle les nahdhaouis sont déterminés à apporter leur contribution » ?
Ennahdha a-t-il compris que la visite entreprise par les deux sénateurs américains en Tunisie et l’entretien qu’ils ont eu avec le Président Kaïs Saïed ainsi que les déclarations formulées par les deux parties à l’issue de cette rencontre sont à considérer comme un message de soutien à leurs revendications appelant essentiellement à lever le gel frappant les activités du Parlement émanant des législatives d’octobre 2019 ?
Pour le moment, on est à la phase de décryptage des passages des communiqués ou des paragraphes, où l’on peut déceler une nouvelle position ou une nouvelle exigence de la part des partis politiques, essentiellement Ennahdha. Ce parti qui se place toujours comme étant le partenaire incontournable dans la mise en œuvre de la future configuration politique nationale pour les prochaines semaines.