La rentrée scolaire est devenue un fardeau pour le budget des ménages tunisiens miné par des dépenses qui s’allongent sans fin. Malgré tout, les parents d’élèves se démènent comme ils peuvent pour garantir à leurs enfants les meilleures conditions de réussite en les inscrivant dans les écoles les plus cotées …
Plus que jamais l’école est un premier objectif de vie pour l’enfant. La réussite prend l’allure d’un défi avec les difficultés économiques et sociales que traverse la Tunisie. Malgré le chiffre qui fait froid dans le dos qui estime à un million d’élèves ayant abandonné l’école au point d’amplifier le phénomène du décrochage scolaire, voir un élève étudier dès le plus jeune âge et le plus longtemps possible reste l’unique alternative pour donner un avenir à un enfant. Pourtant, il y a d’autres horizons en dehors de l’école et le nombre de personnes ayant réussi sans être brillants à l’école sont légion partout dans le monde et même en Tunisie.
Faire du sport, de la musique, du cinéma, du théâtre, de la peinture, de la photographie ou du chant est donné à tout le monde même si les moyens matériels jouent dans la balance. Mais priver un enfant du droit fondamental et élémentaire de scolarité est une infamie. D’ailleurs, il est de bon ton d’affirmer que le fossé se creuse entre une élite nantie et privilégiée et une catégorie au plus bas de l’échelle qui navigue à vue et ne croit plus en l’école. Il n’y a pas de procès d’intention à faire pour les plus vernis d’entre eux qui sont inscrits à l’Ecole américaine où le coût d’inscription annuel est de 60.000 dinars, de source bien informée, mais la masse se dissipe et on ne sait plus quelles sont les clés pour garantir la réussite de chaque enfant tunisien.
Les témoignages de parents qui ont opté pour les établissements privés ont permis de tirer certaines conclusions. Nous leur avons demandé pourquoi font-ils ce choix au détriment de l’école publique et combien cela leur coûte en termes de frais d’inscription ? Si on y ajoute les frais de réfectoire, le transport par bus de ramassage, le prix des fournitures scolaires, la facture devient salée à n’en point douter… Concernant l’école française ou privée, ça peut aller jusqu’à dix mille dinars par an et par enfant inscrit… Pourquoi le choix de ces écoles, alors qu’elles coûtent les yeux de la tête en termes de frais et d’investissement financier ?
Un projet de vie
Justement, c’est parce que cela ressort d’un investissement et un projet d’avenir que les parents la préfèrent à l’école publique qui se dégrade, en plus d’être totalement en perte de vitesse et en décalage avec l’évolution numérique et technologique des systèmes éducatifs à l’échelle mondiale. Un enfant inscrit dans une école privée à Carthage en classe de CP (cours primaire) possède des fournitures scolaires qui vont coûter la rondelette somme de 600 dinars. Ce n’est pas tout. C’est parce que les parents veulent ce qu’il y a de mieux pour leurs enfants. Quitte à se saigner aux quatre veines et consentir des crédits faramineux pour les plus téméraires. Mais l’avenir n’est jamais garanti, ni forcément couronné de succès. D’après une étude sur l’éducation nationale réalisée par le Forum tunisien des droits économiques et sociaux et publiée le 9 septembre, un élève du secondaire coûte à ses parents 3.249 dinars par an. Dans ce contexte, l’étude portant sur le coût de scolarité des élèves tunisiens, compte tenu du budget familial en dit long. Le Ftdes précise qu’un élève du niveau primaire coûte à ses parents environ 1.469 dinars par an, tandis que celui du niveau secondaire ou du collège, coûte environ 3.249 dinars par an. Un vrai casse-tête pour les familles tunisiennes. La même source précise que le budget alloué par les parents pour les études de leurs enfants ne cesse d’augmenter. En 2019, la moyenne des dépenses des familles pour assurer les études de leurs enfants inscrits aux collèges était estimée à 2.500 dinars contre 3.249 dinars actuellement.
L’objectif principal de cette étude est d’ouvrir un dialogue sur une question sensible et cruciale qui concerne le présent et l’avenir du pays, qui est la question de l’éducation et de la formation. Il n’y a pas de controverse aujourd’hui de reconnaître que l’école tunisienne, avec toutes ses composantes de l’enseignement préscolaire à l’enseignement fondamental, secondaire et supérieur et la formation professionnelle, traverse une étape difficile.
Tout le monde s’accorde à la qualifier de crise, qui se manifeste dans ses diverses dimensions quantitatives, telles que la déperdition scolaire, les décrochages, les interruptions, les taux de scolarisation réduits, la faible rentabilité, le coût élevé et autres. Et ces dimensions qualitatives associées à la détérioration continue de la formation, la faiblesse des programmes et des méthodes pédagogiques, et leur incompatibilité avec les transformations économiques et sociales dont le pays a été témoin depuis le foyer de la tendance actuelle du développement au milieu des années 80.
Objectifs de l’étude du Ftdes
Dans cette étude, trois axes principaux liés à la réalité du système national d’éducation et de formation sont abordés. Dans le premier axe, les aspects les plus importants de la crise de ce système analysent les indicateurs quantitatifs et qualitatifs qui leur sont associés, tout en cherchant à mettre en évidence la relation entre la crise de l’éducation et de la formation et la tendance actuelle du développement. Quant au deuxième axe, les manquements les plus marquants liés aux projets de réforme des composantes du système national d’éducation et de formation sont relevés. En critiquant ses objectifs, ses mécanismes de mise en œuvre et la mesure dans laquelle il répond aux conditions nécessaires pour surmonter la crise, on obtient un résultat. Dans le troisième axe, les fondements et recommandations les plus importants qui doivent être pris en compte pour formuler un projet alternatif pouvant être adopté par les politiques de réforme du système national d’éducation et de formation, selon une approche des droits de l’homme.
« Il s’agit de se baser sur les principes du droit à l’éducation et à la formation, assurer sa démocratie, investir dans le capital humain et faire de l’éducation pour tous une priorité» conclut l’étude du Ftdes.
Beaucoup de dépenses s’additionnent et cumulent les charges de scolarité, comme le tablier, les fournitures pendant l’année scolaire et les extras pour financer les cérémonies ou les journées spéciales à l’école, comme avec les déguisements ou les anniversaires, notamment pour le cours primaire. En moyenne, un collégien se rend un jour sur deux à la librairie pour acheter ses fournitures au début de l’année scolaire sur demande d’un professeur pour chaque matière. Bonjour les dépenses.