De guerre lasse, certains techniciens du spectacle se sont suicidés ; le destin semble s’acharner sur les artistes, et les espaces culturels n’ont pas encore rouvert leurs portes ; satanée pandémie !
Il était temps d’en parler ! Le coup de gueule de Lotfi Abdelli sur les réseaux sociaux était un cri solitaire pour réclamer le retour des artistes sur scène et la réouverture des espaces culturels. Une sorte de faire-valoir des droits de cette catégorie précaire qui vit des spectacles. Dans cette vidéo, l’acteur parle d’un retour à la normale de tous les secteurs commerciaux et privés qui rassemblent les foules (mariages, soirées nocturnes et dancing dans des restaurants, et même de la sortie du président Kaïs Saïed en pleine foule à Kasserine). D’ailleurs, cette vidéo semble s’adresser entre autres au Président de la République. «Unissons- nous au moins pour un quart d’heure et mettons nos différends de côté», insiste-il en s’adressant aux artistes avant de décrire l’état de précarité où ils se sont retrouvés après le désastre de l’épidémie du covid-19. Le fait que le Théâtre municipal destiné à véhiculer la culture se transforme en lieu de rendez-vous, où les partis politiques crachent leur haine, donne une image négative de ce lieu, censé faire rayonner la culture. Les artistes à s’allier à ce cri ne sont pas légion, semble-t-il. Certains de ces artistes ne cautionnent pas tout ce qui vient de Lotfi Abdelli et ne sont pas prêts à être solidaires avec lui, mais indépendamment de la personnalité ou du personnage, les artistes tunisiens, qui vivent du spectacle, qu’ils soient techniciens, acteurs ou producteurs, semblent lassés de ce combat qu’ils mènent depuis deux ans contre un ministère de la Culture sans ministre, un gouvernement sourd, une pandémie tenace qui refuse de lâcher prise. Rappelons-nous les sit-in devant le ministère de la Culture, ou à la Cité de la culture. Le projet du statut de l’artiste qui leur a donné une lueur d’espoir pour qu’ils soient reconnus en tant que véritables acteurs économiques et des intermittents du spectacle allait presque aboutir; il manquait l’aval de l’ARP mais voici que le Parlement est gelé avec un avenir incertain ! C’est à croire que toutes les forces du destin semblent se liguer contre ces hommes et ces femmes qui vivent du spectacle ! Espérons tout de même que cet appel ne tombera dans l’oreille d’un sourd parce que, de guerre lasse, certains d’entre eux ont (dont deux techniciens) ont choisi la voie du suicide.