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Investissement: Quand les «digital natives» prennent les commandes

La grande majorité des diplômés tunisiens cherche à avoir un poste de salarié, sans risque, alors que le monde évolue autrement ! D’après les statistiques, sept des dix premières entreprises les plus performantes à l’échelle mondiale sont dirigées par des «digital natives» c’est-à-dire de petites entreprises qui ont vu le jour sur le Net et qui sont conduites par des jeunes, nés dans le monde du numérique et du digital. Il est grand temps pour nos jeunes de comprendre que le monde des affaires est en train d’évoluer autrement, et  de se lancer dans l’auto-entrepreneuriat.

Depuis quelques années, pouvoir législatif, entrepreneurs, société civile et investisseurs se sont penchés sur une législation de grande portée, qui vise à soutenir les startup en matière de financement. Malgré l’environnement économique défavorable, cette loi avait facilité la vie des jeunes en leur permettant de bénéficier d’exemptions d’impôt sur les sociétés. Elle avait, aussi, autorisé aux salariés d’entreprises publiques ou privées, qui lancent leurs startup, de bénéficier d’un congé d’une année pour la réalisation de leur projet. Elle a également aidé ces entreprises à déposer des brevets internationaux. Beaucoup de jeunes Tunisiens se sont tournés vers le digital et ont choisi de monter un petit projet en ligne, une manière intelligente de combattre le chômage qui s’amplifie d’une année à l’autre. Une vraie prise de conscience qui met en avant l’importance de la science et de la technologie et les place au cœur de la transformation économique plutôt que les secteurs traditionnels comme le tourisme, l’agriculture ou encore l’industrie. Sommes-nous ainsi sur la bonne voie ? 

Penser, oser, innover…      

Penser, oser, innover…  c’est ce qui manquait aux jeunes Tunisiens. La grande majorité des diplômés tunisiens cherche à avoir un poste de salarié sans risque alors que le monde évolue autrement ! Il ne se passe pas un jour sans que l’innovation ne soit au cœur de l’actualité des entreprises. Des études internationales ont montré que ce qu’on appellerait Les Gafa (Google, Apple, Facebook et Amazon) et Natu (Netflix, Airbnb, Tesla et Uber) occupent depuis plusieurs années les premières places dans l’économie mondiale. Comment ces entreprises sont-elles devenues les plus innovantes du monde, en l’espace de quelques années seulement pour certaines d’entre elles ? La réponse est peut-être à chercher du côté de leur nature. Sept des dix premières entreprises du classement sont considérées comme «digital natives», c’est-à-dire de petites entreprises qui ont vu le jour sur le Net. L’une de leur force est d’avoir su dépasser la notion de produits ou de services pour penser en termes d’écosystèmes. Ces startup ont su créer de la valeur à partir d’une logique (besoins, attentes et caractéristiques propres aux utilisateurs finaux sont pris en compte à chaque étape du développement d’un produit). La dimension service, qu’elles proposent au départ, est poussée à l’extrême. L’entreprise innovante s’associe, parfois, à des acteurs spécialisés dans des secteurs très éloignés de son cœur de métier, afin d’accroître la valeur de son offre centrale en agrégeant autour d’elle des produits et services qui correspondent aux besoins concrets et immédiats de divers micro-segments. Et c’est justement là l’intérêt de la chose; tisser un grand réseau de jeunes entrepreneurs qui, en s’associant, profitent d’une valeur ajoutée générale, d’une prospérité partagée. Ils participent au développement économique du pays, créent de l’emploi, ouvrent les frontières de leur pays à d’autres expériences en attirant des joint-ventures… 

Qui sont les «digital natives» ?

D’après les spécialistes, cette expression anglo-saxonne désigne «les enfants du numérique», c’est-à-dire les personnes nées entre les années 1980 et 2000 et ayant grandi dans un environnement numérique. Ce sont des utilisateurs naturels et intensifs des nouvelles technologies (internet, ordinateurs, jeux vidéo, réseaux sociaux…), qui possèdent une manière de consommer qui leur est propre. Etant nés et ayant grandi dans cet environnement, les « digital natives» maîtrisent ces nouveaux outils du quotidien de façon intuitive et en font leurs espaces de sociabilisation, de travail, d’apprentissage, de jeu… 

D’après les dernières statistiques, les «digital natives» représentent désormais la majeure partie des actifs au niveau mondial. Nourris aux technologies numériques dès leur plus jeune âge, ces jeunes travailleurs pourraient représenter de l’or pour leurs employeurs. Dans une étude consacrée à ce sujet, «Citrix Systems» estime, qu’à travers le monde, les enfants du digital pourraient générer des gains substantiels de 1.900 milliards de dollars pour les entreprises. Mais pour arriver à ce résultat, leurs employeurs devront les accompagner et s’adapter à leurs pratiques de travail, ce qui est loin d’être le cas. Le rapport «The Born Digital Effect», réalisé par le fournisseur auprès de 1.000 chefs d’entreprise et 2.000 employés dans dix pays, dont la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, le Mexique, les Etats-Unis, les Emirats Arabes Unis, la Chine, l’Inde et le Japon, a donc pour objectif de comprendre les attentes des jeunes générations vis-à-vis du travail et d’élaborer une stratégie à destination des entreprises et de l’économie au sens large. Les résultats montrent, en effet, que les dirigeants sont complètement déconnectés des aspirations profondes des natifs du numérique. Les divergences portent sur divers aspects de la vie au bureau, dont un bon équilibre entre la vie professionnelle privée souhaitée par 87 % des «digital natives» dans le monde. Cette demande est mal comprise par les dirigeants, qui pensent, à l’inverse, que cette génération doit valoriser l’accès aux dernières technologies sur le lieu de travail ainsi que les opportunités de formation. Autre point de discordance : le télétravail. En France, par exemple, 34% de cette catégorie de jeunes souhaiteraient travailler tout le temps depuis chez eux (contre 29% dans le monde). Ils sont également 27 % à prôner un modèle de travail hybride avec plus de temps à la maison qu’au bureau. 20 % souhaiteraient un modèle de travail hybride avec une répartition égale du temps entre le domicile et le bureau. Seuls 7% des jeunes Français aimeraient être au bureau à plein temps (contre 10% dans le monde). 

Etre son propre chef

Souvent taxés de refuser la hiérarchie, les enfants du digital n’y sont pas si hostiles, sous réserve qu’on leur explique et qu’ils en comprennent l’utilité. Sans réponse à leurs questions, ils préféreront la voie de l’entrepreneuriat. Selon une étude «YouGov» pour Monster, en France, 47% des 18-25 ans ont pour ambition de créer leur propre entreprise. Tous futurs créateurs de startup? C’est évident pour certains, mais pas envisagé pour d’autres. L’entrepreneuriat pour les jeunes est une notion radicalement différente de celle de leurs parents. Pour beaucoup, entrepreneur coïncide avec indépendant.   

Les «digital natives» savent qu’ils ne savent pas tout, ou du moins qu’ils ne le savent pas encore. Leurs vies personnelle ou professionnelle seront un long parcours d’apprentissage. Comme leurs parents, ils ont bénéficié d’un long cursus scolaire, mais en ayant conscience que les métiers qu’ils exerceront n’existent, pour certains, pas encore. Pour pallier ce manque, ils devront continuer à apprendre en dehors des bancs de l’école. C’est une génération d’autodidactes, qui, grâce à leur omniscience digitale, se nourrira de Webinaire pour un apprentissage continu en fonction de ses besoins et de ses envies.   Il faut croire aux enfants du digital, car, aujourd’hui, pour changer le monde de l’investissement, la jeunesse dispose d’un cheval de Troie : sa familiarité avec le numérique. La Tunisie peut espérer parler d’innovation et de modernisme si elle fait davantage confiance aux enfants du Net. Qui sait, chez-nous  naîtront, peut-être bien, de futurs champions de l’économie mondiale ? 

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