Une note d’analyse de l’Observatoire tunisien de l’économie (OTE) vient à point nommé pointer du doigt la dure réalité des régions laissées à l’abandon en termes d’emploi. En effet, les plus faibles taux de création d’emplois par habitant sont toujours enregistrés à Sidi Bouzid, Médenine, Le Kef, Kébili, Kairouan et Tataouine. Et pour cause, les verrous qui entravent le décollage des régions sont toujours en place. Mais, tant que les régions souffrent, la Tunisie ne sera pas à l’abri des troubles et des soubresauts.
Dix ans après la révolution, dont la principale revendication était l’emploi, les plus faibles taux de création d’emplois par habitant sont toujours enregistrés à Sidi Bouzid, Médenine, Le Kef, Kébili, Kairouan et Tataouine, a fait ressortir une note d’analyse de l’Observatoire tunisien de l’économie (OTE).
Cette incapacité de la plupart des gouvernorats tunisiens à créer des opportunités d’emploi pour leurs résidents est due aux choix politiques et économiques des gouvernements depuis l’Indépendance, estime l’observatoire.
En effet, la répartition des opportunités d’emploi pour 1.000 citoyens entre 2009 et 2018 au sein des 24 gouvernorats de la Tunisie, permet de faire ressortir, toujours selon l’observatoire, trois groupes principaux.
Le premier groupe (les 6 premières régions) est constitué de régions fortement interconnectées en termes de transport, de logistique et de capacité à attirer des investissements étrangers. Le deuxième groupe comprend les régions à activités économiques modérées. Le dernier groupe (les six dernières régions) comprend les régions à faible activité économique en termes de nombre d’entreprises et d’investissements, et par conséquent beaucoup moins d’opportunités d’emploi pour ses habitants. Il s’agit de Sidi Bouzid, Médenine, Le Kef, Kébili, Kairouan et Tataouine.
Historiquement, explique l’observatoire, une focalisation excessive sur les politiques de commerce extérieur et sur les chaînes internationales de valeur ajoutée a causé des disparités régionales importantes : les régions côtières disposant d’aéroports de proximité sont devenues plus attrayantes pour les capitaux nationaux et internationaux, laissant la plupart des régions de l’intérieur très loin en termes d’accès au développement.
Par exemple, à ce jour, l’investissement direct étranger au sein du gouvernorat de Tunis (7.680 millions de dinars) est six fois celui des six derniers gouvernorats en termes de création d’emplois réunis (1.403 millions de dinars). Les zones côtières sont plus attrayantes pour les industries, abritant environ 90% des petites et moyennes entreprises, ainsi que la majorité des unités touristiques et manufacturières, selon l’Agence de promotion des investissements étrangers. L’instabilité politique et la faible dynamique du secteur privé compliquent également la situation.
Par ailleurs, les données de l’Agence nationale pour l’emploi et le travail indépendant (Aneti) indiquent que la plupart des gouvernorats ont perdu la moitié de leur capacité à créer de nouvelles opportunités d’emploi dans le secteur privé, après la révolution.
Sur la base de ces indicateurs, l’observatoire conclut que l’existence d’un catalogue d’investissement spécifique à chaque région, qui permet de diagnostiquer le potentiel réel et de tirer parti des besoins et des avantages spécifiques de chaque gouvernorat est devenue une nécessité pour promouvoir une équité régionale en termes de création d’emplois.