
Poursuivre ses études à l’étranger n’est plus un simple vœu pour la majorité des nouveaux bacheliers en raison, notamment, de la crise dans laquelle s’enlise de plus en plus le pays et du taux de chômage qui ne cesse de grimper d’une année à l’autre. C’est devenu une obsession pour certains et les parents sont prêts à se sacrifier pour ne pas voir les rêves de leur progéniture se briser à mi-parcours. La médecine à tout prix, mais attention, les arnaqueurs guettent. Des réseaux à l’étranger sont à l’affût de ceux qui aspirent à un cursus universitaire en dehors de nos frontières avec et même sans le bac, d’autant plus que l’inscription se fait sans concours, mais juste sur une évaluation du dossier d’inscription.
En Ukraine, où le nombre des étudiants tunisiens est estimé à 846 pour l’année 2020, des «réseaux parallèles» s’organisent de plus en plus pour «piéger» les nouveaux bacheliers. Quatre Tunisiens ont déjà été victimes d’une arnaque dont les protagonistes sont malheureusement de nationalité arabe (Syriens, Palestiniens, Tunisiens) installés dans la ville de Dnipro en Ukraine. Ils sont tombés dans le piège d’une entreprise non autorisée par les autorités de tutelle et notamment par le ministère de l’Education et des Sciences en place.
Leurs passeports ont été confisqués par l’agence de services qui n’avait ni les compétences, ni l’expérience, ni les autorisations nécessaires pour leur assurer aussi bien la poursuite de leurs études universitaires que le logement, contrairement à une autre agence bien connue dans ce domaine qui est autorisée par les autorités en Ukraine d’exercer de telles activités.
En effet, cette dernière, riche d’une longue expérience en matière d’information et d’orientation des étudiants qui aspirent à poursuivre leur cursus universitaire en Ukraine, avait fini par gagner la confiance des autorités en place et conclu des accords avec le ministère précité.
Tout s’achète, même le bac !…
Contacté pour le besoin de notre enquête, son propriétaire, le docteur N.B. a regretté l’émergence d’agences de façade qui sont en train de nuire à l’image de la Tunisie et de leurrer certains jeunes en quête d’un cursus universitaire à l’étranger.
Les quatre jeunes dont les passeports ont été confisqués ont subi de grandes pressions et ont été menacés de refoulement du territoire ukrainien en cas de non paiement de grandes sommes d’argent.
Au départ, ils ont convenu de poursuivre leurs études à l’Université nationale de médecine d’Odessa en Ukraine, mais les choses ont mal tourné et d’autres frais imposés par l’agence en question n’ont fait que confirmer l’arnaque. Leurs passeports ayant été confisqués et ils ont été brutalement invités à payer d’autres sommes d’argent pour éviter le refoulement des terres ukrainiennes.
Selon les éléments de notre enquête, l’agence en question promet même à certains de nos jeunes qui ont raté leur baccalauréat d’avoir un diplôme libanais ou libyen de fin d’études dès leur arrivée en Ukraine.
Un diplôme falsifié, mais qui permettra l’enregistrement à l’une des universités ukrainiennes. Une Tunisienne basée en Ukraine est en première ligne dans ce trafic. Sa mission consiste à «dénicher les victimes» et entrer en contact avec eux pour les rassurer.
Une basse besogne qui ne fera que ternir l’image de notre pays. Que dire alors de ces jeunes qui refusent parfois le retour au pays et préfèrent vivre dans certains cas dans la clandestinité dans l’espoir de trouver un travail dans ce pays qui pourrait bientôt faire partie de l’Union européenne. De quoi encourager encore plus nos jeunes à choisir cette destination pour la poursuite de leurs études en médecine générale, chirurgie dentaire, ingénierie, architecture et bien d’autres domaines.
Absence de représentation consulaire
Une lettre a été adressée par les jeunes en question à l’Association de la diaspora tunisienne en Ukraine pour intervenir en leur faveur par tous les moyens légaux. Mais même en cas de résolution de la situation, rien ne pourra mettre terme à de pareils réseaux et à de telles pratiques frauduleuses.
Triste constat, commente une source diplomatique qui a requis l’anonymat. Selon elle, la solution réside dans l’ouverture d’une représentation consulaire à Kiev dans ce pays qui accueille plusieurs centaines d’étudiants.
Sur le plan diplomatique, l’Ukraine est couverte par notre ambassade à Varsovie après les événements enregistrés en 2014, toutefois, cette ambassade n’était pas en mesure de prendre en charge le volet consulaire. En l’occurrence, c’est notre ambassade à Moscou qui s’acquitte de cette charge en ce qui concerne les besoins les plus urgents, comme la réalisation des documents de voyage et des cartes consulaires ou encore en cas de rapatriement des dépouilles mortelles.