
En termes de financement, les marges de manœuvre sont trop réduites. Toutefois, les solutions existent bel et bien, notamment pour passer le cap du dernier trimestre de 2021.
En 2020, la BCT a injecté presque 2,9 milliards de dinars de liquidités pour surmonter l’impasse budgétaire et assurer les dépenses publiques, notamment le paiement des salaires. Ce recours à la création monétaire n’a pas eu d’incidence réelle sur l’inflation, mais il aurait alimenté des pressions inflationnistes avec des délais de retardement et une persistance de l’inflation. C’est ce qu’a affirmé l’économiste Safouane Ben Aissa, lors d’un webinaire organisé, récemment, par l’Association des Tunisiens des grandes écoles (Atuge) sur le thème «Création monétaire : a-t-on un autre choix dans l’immédiat ?».
«Cette année, on est à plus de 5,7% d’inflation. Ça empire d’un mois à l’autre. Les pressions inflationnistes sont là. Il est vrai que nous avons réalisé une croissance assez spectaculaire, mais on ne fait même pas un rattrapage par rapport au niveau de 2019», a lancé l’universitaire. Pour Ben Aissa, tout porte à croire que toute création monétaire va se traduire par une inflation qui va amplifier le trend. «Aujourd’hui, l’activité a repris et notre exposition à l’étranger est assez nette, donc le risque de toute création monétaire va se traduire par des importations additionnelles de biens finaux alimentées par une consommation privée additionnelle».
Les solutions immédiates
L’universitaire estime qu’à même titre du financement direct, le financement indirect à travers l’émission des BTA va engendrer, in fine, de l’inflation, et ce, compte tenu de la situation des finances publiques. Il a précisé que la reprise des activités extractives du phosphate, du gaz et du pétrole, bien qu’elle soit spectaculaire, étant donné qu’il y a eu un retour au niveau de production des années de référence 2009 et 2010, elle n’aura pas d’effet immédiat en termes de recettes. Elle ne peut, ainsi, contribuer au financement sur le court terme.
Pour combler le déficit budgétaire pour l’exercice 2021, l’universitaire préconise un refinancement à hauteur de 1 milliard de dinars via l’émission des BTA et le déploiement d’un effort supplémentaire pour assurer le recouvrement de 1 milliard de dinars additionnels. Il prévoit, dans ce cadre, la promulgation d’un deuxième décret présidentiel pour la mobilisation de 1,5 milliard de dinars.
Les DTS du FMI, affectés par les pays riches et les financements bilatéraux à travers les canaux de la diplomatie économique, sont également des moyens pour financer le trou budgétaire.
Mais pour l’économiste il s’agit tout de même de solutions de rafistolage tant que les réformes structurelles ne sont pas toujours engagées. Il ajoute, à cet égard, «Tout ça c’est du bidouillage. Il faut toucher aux solutions structurelles parce que c’est une question intergénérationnelle. Il ne faut pas avoir peur de la dette pourvu qu’elle soit déployée dans le bon sens, dans la création de projets structurants».