Le chef du service de réanimation néonatale à l’Hôpital militaire de Tunis et président de la Société tunisienne de pédiatrie, Mohamed Douagi, indique que, pour l’automne 2021, l’épidémie de bronchiolite arrive avec beaucoup d’avance et sera plus virulente que les autres années.
Alors que le pays demeure encore plongé dans le cauchemar de la pandémie du covid-19, la santé de nos enfants est de nouveau menacée avec un redémarrage rapide et plus précoce de l’épidémie de bronchiolite, cette maladie respiratoire très contagieuse qui touche principalement les enfants de moins de deux ans et provoque chez eux une toux et une respiration difficile.
La Société tunisienne de pédiatrie tire la sonnette d’alarme
D’après le président de la STP, Mohamed Douagi, l’année 2020 était quasi-blanche en raison du confinement et des mesures barrières mises en place et, donc, le virus de la bronchiolite a très peu circulé. Cependant, pour cet automne, l’épidémie de bronchiolite est pour le moment bien plus forte que lors des années précédentes et pourrait être de grande ampleur, compte tenu d’un déficit d’immunité collective acquise significatif pour les enfants nés après mars 2020. «Après une année 2020 durant laquelle nos enfants ont été épargnés de la survenue de l’épidémie annuelle de bronchiolite grâce au covid-19 et aux confinements, on note pour cet automne une épidémie de bronchiolite qui commence tôt et fort…A titre de comparaison, pendant toute la pandémie du covid-19, c’est à-dire durant 17 mois, en Tunisie, on a eu un seul bébé mis sous assistance respiratoire (grâce à une machine) dans le service alors que, durant cette semaine seulement, on a trois malades sous assistance respiratoire…
Mais le plus douloureux, c’est qu’on est obligé de refuser beaucoup de demandes de transfert en raison du manque de lits pour cette pathologie, car on a surtout des prématurés… et la situation est aussi grave dans les autres services. Pour ce faire, tous les parents doivent faire attention à leurs bébés qui risquent de ne pas trouver de lit disponible…Le ministère de la Santé doit bouger pour contrecarrer cette pathologie, étant donné que le taux de la mortalité annuelle par bronchiolite est élevé. Et au ministère de tutelle de nous communiquer les chiffres réels sur cette situation», souligne le pédiatre.
Pourquoi l’épidémie est-elle si forte?
Tout d’abord, il est important de souligner que les virus respiratoires automnaux sont de retour chez les enfants et même les grands. Mais, pour les enfants, avec les confinements et les gestes barrières, peu d’eux ont été infectés en 2020 par le virus respiratoire syncytial (VRS), responsable de la bronchiolite. Cela signifie également qu’ils ont été moins immunisés contre le VRS ce qui explique en partie la flambée des infections respiratoires depuis le début de mois d’octobre. Cela sans oublier que cette situation reprend aussi avec le retour de l’activité des crèches et des jardins d’enfants.
Par ailleurs, pour cette année, la tendance haussière est, aussi, confirmée dans plusieurs pays, dont la France, ce qui signifie une possibilité d’une épidémie de grande ampleur pour l’hiver 2022, qui pourrait, à son tour, entraîner une nouvelle pression sur le système hospitalier, déjà à l’agonie.
A cet égard, pour sortir avec moins de dégâts possibles de cette crise, le maintien des mesures barrières dans les hôpitaux et dans les espaces publics est capital pour éviter, dans le cas de la bronchiolite, les infections nosocomiales dans les services de pédiatrie et de réanimation et surveillance continue pédiatrique. Pour protéger et sauver nos enfants et surtout les moins âgés des infections hivernales, il est indispensable de continuer d’appliquer les gestes barrières et les mesures de distanciation sociale que nous appliquons depuis le début de la pandémie du covid-19.