La justice attendait-elle l’installation officielle de Nejla Bouden au Palais de La Kasbah et le gel des activités de l’instance de lutte contre la corruption pour décider de livrer aux Tunisiens, quotidiennement, une affaire de corruption allant du lobbying interdit pratiqué par Ennahdha aux faux diplômes universitaires délivrés à des centaines de faux enseignants, en passant par le trafic dans l’affaire de l’appel d’offres au ministère de l’Agriculture et la falsification des titres de propriété à la Conservation foncière de Ben Arous, sans oublier les présomptions de plus en plus sérieuses qui pèsent sur les affaires de cession des fermes domaniales agricoles à des personnes qui n’en ont pas le droit.
On se pose la question légitimement, à la faveur de la profusion remarquable de la révélation à l’opinion publique — parfois avec des détails où seuls les initiés et les spécialistes peuvent se retrouver — des affaires de corruption parmi celles qui sont déjà pendantes devant la justice ou celles qu’on vient de découvrir au cours des derniers jours et dont on attend le dévoilement des secrets dans les jours à venir.
Certes, le mouvement de dévoilement des affaires de corruption a démarré, les corrompus et les corrupteurs, agissant longtemps dans le secret, finiront par être démasqués et sanctionnés comme le veut la loi anticorruption en vigueur et enfin — comme l’ont signalé certains médias — le train anticorruption est, enfin, mis sur les rails.
Il reste, toutefois, d’une importance capitale, à préserver la dynamique anticorruption contre toutes les formes d’abus, les manœuvres ou les manipulations politiciennes qui risquent sérieusement de vider de toute son essence le processus visant à mettre fin aux pratiques frauduleuses se cachant sous le couvert des lois vétustes en vigueur et surtout à saper la volonté inébranlable du Président de la République de voir la Tunisie remporter sa guerre contre la corruption.
L’appel à poursuivre la guerre anticorruption contre les risques d’échec et à une mobilisation citoyenne contre les ténors de la corruption et de la malversation qui feront tout pour saboter, jusqu’à leur dernier souffle, le mouvement d’assainissement de l’administration centrale et surtout régionale, voire locale, devrait être saisi comme, à la fois, un droit absolu et un devoir sacré que tout un chacun a l’obligation d’assumer.