
Ceux qui s’intéressent à la marche des affaires du monde ont dû remarquablement relever le coup des douze sous-marins français ayant fait l’objet d’accords très avancés de construction et de vente, avant une terrible volte-face de leur destinataire australien, avec annulation pure et simple des accords conclus, sans autre forme d’explication que celle fournie à leur place par les Etats-Unis, qui ont évoqué une autre entente tripartite incluant le Royaume-Uni, à la perfidie légendaire trop connue à leurs dépens par les Arabes, dont l’une des conséquences est le remplacement de la commande faite à la France par douze sous-marins à propulsion nucléaire,… de fabrication américaine !
Passés les moments de stupéfaction et de colère bleue côté français, le dossier a pris par la suite un chemin de «normalisation», dûment cadré et managé par les USA et le président Biden.
Le coup de patte du fauve américain prenait la forme d’un rappel à l’ordre pour ceux de leurs partenaires qui auraient trop vite oublié que les USA gardent la main haute sur la géopolitique du monde et que leur job à l’heure actuelle, tel qu’ils le conçoivent, c’est de s’occuper presque exclusivement de la Chine, subsidiairement de la Russie, alors que l’Iran et la Corée du Nord ne seraient pour les USA que de simples et modestes indisciplinés, qu’il s’agirait juste de surveiller, tout en les maintenant «au piqué».
C’est dans le même état d’esprit que les Etats-Unis se sont précipitamment et catastrophiquement retirés de l’Afghanistan, et continuent à traiter la très grave question palestinienne concernant la paix dans le monde à coups de protestations formelles et de communiqués publics, comme s’ils étaient une agence de presse ou une ONG droit-de-l’hommiste.
Les USA veulent ainsi garder un esprit le plus clair possible concernant leur vision des affaires du monde et ne voudraient pas, en ce qui les concerne, trop s’encombrer de considérants qui leur brouillent leur ligne de conduite centrale, surtout pas par des considérations qui les font sourire plus qu’autre chose du genre «défense européenne commune» ou encore «demande de rééquilibrage des rôles dans le commandement de l’Otan». En Afghanistan, quand le «patron américain» avait décidé de quitter, dans les conditions connues, tout le monde avait obtempéré.
Pourtant, les Européens, très divisés par ailleurs sur ces questions, avec des ex-pays du Pacte de Varsovie primairement anti-Russes et pro-Américains sans la moindre nuance, tentent d’élever une petite voix, encore trop timide et trop feutrée, pour exprimer le fait que le rapport avec la Chine n’est pas condamné à ne se régler qu’à coups de canon, comme le laisserait prévoir la situation trop tendue en Mer de Chine. Voulant ainsi dire qu’il y a d’autres voies plus pacifiques pour gérer les rapports mondiaux, avec l’échange et la coopération, notamment pour des questions aussi brûlantes, si l’on ose s’exprimer ainsi, comme le dérèglement climatique. Sans oublier le fait que l’ensemble de l’industrie du monde et de l’Europe en particulier est engluée jusqu’au cou dans la sous-traitance avec la Chine.
Mais, depuis maintenant un siècle, les Etats-Unis ont trop enfilé le costume de gendarme du monde qu’ils sont devenus incapables de s’en dépatouiller, même quand il est devenu trop flagrant que ce qui est revendu comme un service rendu par les USA à la planète pour lui procurer la paix, s’avère n’être qu’un voile trop mince pour cacher la misère que c’est uniquement et exclusivement des intérêts des Etats-Unis et de ses multinationales monopolistiques qu’il s’agit.
La COP26 de Glasgow, réunie sans la participation de la Chine et de la Russie, qui a notamment montré que l’effet de la COP21 est proche de zéro sinon négatif, avec des perspectives sombres pour le sort des générations futures, est là pour prouver que toute logique à connotation impériale, quel qu’en en soit par ailleurs le promoteur, et les USA ne sont pas les seuls dans ce cas mais restent les plus dominants, est une logique rétrograde, qui ne cadre plus avec les nouvelles aspirations des hommes de ce premier quart du siècle, et qu’une zone comme celle de l’Europe, très proche de nous à bien des égards, tout en subissant la domination américaine ne s’est pas libérée de toute mentalité de domination à notre égard, en continuant à nous vexer quotidiennement par les reculades devant l’extrême droite fachiste, à la recherche de quelques honteuses poignées de voix électorales, faut-il pour cela que l’âme soit vendue au diable.
N.B. : L’opinion émise dans cette tribune n’engage que son auteur. Elle est l’expression d’un point de vue personnel.