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Autorité, mais aussi concertation

Agareb a vécu une nuit pénible après la réouverture de la décharge de Guenna. Comme d’habitude, nous assistons aux mêmes scènes au fil des ans : des émeutes, de la colère qui déborde, de la violence excessive contre une autre violence «légale», celle des forces de l’ordre. L’usage (exagéré d’après les habitants d’Agareb) du gaz lacrymogène a créé un état de frustration, mais du côté des forces de l’ordre (qui ont dû se retirer finalement), c’était le moyen de contrecarrer des émeutes nocturnes. Le mal est fait : un décès, une colère bleue dans cette région qui refuse (et c’est légitime) la réouverture de la décharge fermée par l’Etat après avoir atteint le seuil de saturation. A-t-on ainsi vraiment résolu le problème des ordures à Sfax ? Peut-être à court terme. Mais soyons objectifs, cette gestion du dossier des déchets à Sfax était complètement ratée. On a pris beaucoup de temps pour agir (en l’absence d’un gouverneur !), et les services publics ont mis trop de temps pour intervenir. Il fallait, avant de forcer une réouverture de la décharge de Guenna,  une solution durable telle qu’une autre décharge dans un endroit isolé et qui ne nuit pas beaucoup à l’environnement. Il fallait parler aux gens d’Agareb et leur expliquer que la réouverture de la décharge est temporaire et inévitable vu la dégradation de la situation à Sfax. Tout cela, il fallait l’opérer plus tôt en faisant participer les associations de la société civile,le conseil municipal, les personnalités influentes de la région, dans le cadre d’une concertation efficace et surtout crédible. On aurait évité cette inutile et déstabilisante escalade.

La gestion du dossier des déchets et des ordures reste un maillon de nos gouvernements, parce que l’on n’a pas encore saisi que l’ère des décharges classiques nuisibles à l’écologie est révolue. Le recyclage des déchets, avec tout ce que cela représente comme opportunités d’investissement et d’emploi, sans oublier le sacré équilibre écologique, est la voie dorée qu’on hésite à emprunter malgré des textes et des structures étatiques qui coûtent de l’argent mais qui ne produisent rien dans ce domaine. Il fallait de l’autorité pour appliquer la loi, mais quand cette autorité ne s’accompagne pas d’une concertation et d’un dialogue intelligent et surtout fructueux, elle créé un bras de fer et, par conséquent, le dérapage. Il fallait s’y attendre de toute façon !

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