Face à une Mauritanie supposée comme adversaire le moins fort et le moins inquiétant du groupe, le sélectionneur Mondher Kbaïer a eu le mérite de choisir le meilleur plan de jeu pour assurer une entame de Coupe arabe tonitruante et fracassante et montrer de quel bois se chauffe son groupe. Alors que l’on s’attendait à ce qu’il cherche le premier succès important pour la suite du parcours sans une grande débauche d’énergie et sans dévoiler et faire étalage de tous ses atouts, il a opté carrément pour l’audace à outrance et le pressing haut dès le coup d’envoi du match et jusqu’au dernier coup de sifflet de l’arbitre iranien. Résultat : cinq buts aussi beaux les uns que les autres dans la construction de l’action comme dans la finition, une frappe sur la barre transversale et pas moins d’une demi-douzaine d’occasions nettes de scorer annihilées d’extrême justesse par une défense adverse déboussolée et en plein naufrage tactique. La Mauritanie a été ainsi mise à genoux et a encaissé 4 buts en un temps quasiment record (entre la 39’ et la 50’ de jeu ).
Bloc haut et harcèlement constant
Le bloc très haut qui lui a été imposé par le Onze de Tunisie était intenable et insoutenable avec toutes les vertus que détient ce système et ce schéma de jeu en 3-4-3 créé et instauré par le FC Barcelone de Johan Cruyff dans les années quatre-vingt-dix. Il a été non seulement payant, mais époustouflant et ravageur avec tous les dégâts qu’il a causés dans le camp mauritanien. Il a raccourci les distances, permettant une pénétration rapide de la zone de vérité adverse. Il a repoussé l’adversaire dans ses derniers retranchements et l’a empêché de riposter, perturbant ses plans d’action et les limitant au seul fait d’encaisser le jeu jusqu’à le pousser à commettre des fautes. Il a augmenté pour l’équipe tunisienne les opportunités et les occasions de buts. La clé de réussite de ce dispositif est la fermeture intelligente des angles de relance du jeu par les couloirs du Onze mauritanien. Le duo Fakhreddine Ben Youssef – Firas Belarbi s’est occupé de notre côté droit et la paire Amine Ben Hmida -Hannibal Mejbri a verrouillé notre flanc gauche. Ce qui a permis à Seïfeddine Jaziri de bénéficier de beaucoup d’espaces comme avant de pointe et de se trouver plus d’une fois dans des positions idéales de tir, ce qui lui a permis d’en profiter pleinement avec deux jolis buts inscrits. Même après les changements opérés avec l’entrée de Sliti, Chikhaoui et Youssef Msakni, le système est resté le même et gardé le même rythme, la même intensité, la même explosivité jusqu’à obtention gain de cause par l’inscription de ce cinquième but tant convoité pour terminer la rencontre sur une note des plus gaies qui reflète bien sa physionomie.
Cette audace exprimée avec une approche collective, sans trop de fantaisie, a donné lieu à un spectacle de qualité avec 6 buts, chose rare dans un match d’ouverture d’une compétition de haut niveau, et a ouvert un grand appétit et le bal pour des rencontres plus ouvertes et spectaculaires. Cette façon new-look d’aborder et de gagner une partie, optée par les Aigles de Carthage, nous autorise à rêver d’un parcours fabuleux et d’une montée méritée sur le podium. Mais le chemin est encore long comme l’avoue Mondher Kebaier.