Accueil Culture Dream performance digital world: Le monde de Seïf Manaï

Dream performance digital world: Le monde de Seïf Manaï

Vendredi dernier, c’était au tour de Seïf Manaï de questionner cet espace virtuel, de se mettre en connexion avec un lieu, une mémoire et de se placer au cœur de ce dispositif.


L’association l’Art Rue n’est pas que Dream City… Etant un espace de création, d’expérimentation et de recherche entre les pratiques et les cultures, elle a su développer de nouveaux concepts et des dispositifs de mise à disposition du public de performances artistiques. La distanciation et la frustration mêmes, imposées par la pandémie, ont amené l’équipe de l’Art Rue à réfléchir à l’alternative.  L’outil numérique et l’espace virtuel ont été déjà expérimentés début des années 2000 par le duo Salma et Sofiène Ouissi, l’idée de la performance room remonte à ces temps-là où les deux partenaires séparés par la distance ont développé un dispositif dans lequel chacun dansait chez soi, dans son espace privé et la rencontre de ces deux performances se faisait en direct sur écran à l’espace Mad’Art. A l’époque, c’était une première tentative qui est venue en réponse à l’éloignement que vivaient les deux danseurs et qui revient actuellement comme une évidence.

La performance room, à Dar Bach Hamba, les locaux de l’Art Rue, accueille des artistes pour une performance en direct et en ligne, une création in situ, conçue pour un format purement digital.

Et vendredi dernier, c’était au tour de Seïf Manaï de questionner cet espace virtuel, de se mettre en connexion avec un lieu, une mémoire et de se placer au cœur de ce dispositif. Entre l’intérieur, l’intime et le personnel qui construisent cette performance suivie par des visiteurs anonymes, le passé, le présent, le futur se touchent dans une topographie de chemins à main levée, des lieux d’énergie et d’identité.

Et l’artiste, sur un fil bien tendu, pointe l’horizon et tâtonne la terre de ses pas. Seïf Manaï en a fait l’expérience, lui qui, à l’école de la vie, a fait ses premiers pas, dans les grandes écoles de danse a fait son apprentissage, dans les studios il compose des œuvres et dans le milieu urbain il puise sa force….

Rencontré la veille de sa performance “CAT”, Seïf nous a ouvert les portes de son univers fait de fragments de l’intime.  Les lumières de la scène attirent, les nouvelles technologies le stimulent, l’art visuel et sonore… et le cinéma lui donnent des ailes et la rue le ressource…

Seïf nous confie qu’il se considère comme un maillon d’une chaîne de transmission, il absorbe les enseignements des maîtres et très vite il les partage…pour lui la danse est un état, une raison d’être et une explosion perpétuelle qui épouse toutes les formes.

Artiste pluridisciplinaire est l’identité que Seïf revendique. Il est à la fois une technique, un corps, un esprit et surtout un cœur qui vibre et qui va à la rencontre de ce que la vie lui présente. Son regard est construit par l’observation, sa curiosité de la vie le mène sur des sentiers peu balisés.

Notre discussion à bâtons rompus nous a permis de découvrir l’artiste dans sa fragilité, dans ses rêves et dans son désir de pourchasser l’essentiel. Il nous apprend que la zone de confort lui fait peur, le succès ne lui fait pas tourner la tête, mais la reconnaissance le rassure au même titre qu’elle lui lance de nouveaux défis.

Dans sa performance “CAT”, il a fait appel à un réel qui le touche au plus haut point, il le transcende dans une écriture bien ancrée dans l’intime, portée par une universalité qu’il revendique. Soutenu par une vision contemporaine de la danse et du spectacle vivant, Seïf Manaï nous fait grimper sur les toits, saisir les teintes, les nuances et les textures, nous fait rencontrer des personnages qu’il endosse dans une interprétation libre et libérée.

Interprète et aussi chorégraphe, lui qui a bénéficié longtemps d’un statut peu confortable, celui du jeune indomptable et rebelle qui sait prendre en charge les propositions des chorégraphes et les faire siennes avec sa touche personnelle. Mais quand il écrit, c’est une entité entière qui s’exprime sans faux-semblant, comme ce fut le cas dans la performance room avec un style bien sculpté dans une performance fortement émotionnelle.

A l’Art Rue, au cœur de la Médina, les murs lui parlent, lui murmurent leurs secrets, l’âme du lieu l’inspire, lui fait vivre un instant, lui suggère des images et des sensations. Son corps vibre, se contracte, se relâche dans une proposition nourrie de sa sensibilité et de son extrême sincérité.

Charger plus d'articles
Charger plus par Asma DRISSI
Charger plus dans Culture

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *