Accueil Actualités 35e édition des Journées de l’entreprise | Avis d’experts

35e édition des Journées de l’entreprise | Avis d’experts

   Ricardo Mourinho Félix, vice-président de la BEI et ancien vice-ministre des Finances du Portugal

« Afin de libérer ce potentiel économique, l’Etat a un rôle important à jouer qui s’articule des actions suivantes : d’une part, il est nécessaire que l’Etat restaure la confiance des investisseurs et des partenaires financiers, à travers la mise en œuvre des réformes structurelles nécessaires, pour assainir les finances publiques, moderniser l’administration et  augmenter la productivité et la compétitivité des entreprises publiques. Cela  demande du courage politique dans un cadre de dialogue social profond. Les premières conséquences de ces actions sont souvent socialement difficiles, mais c’est une étape incontournable pour la mise en œuvre des réformes nécessaires. D’autre part, l’Etat doit faire en sorte que les acteurs économiques puissent exercer leurs activités sans contraintes administratives inutiles. L’Etat doit créer le cadre juridique et fiscal qui incite les entreprises tunisiennes et étrangères à investir et à créer de l’emploi et doit encourager le partenariat public privé. L’Etat doit faire appel à l’expertise privée pour mener à bien les projets complexes, tels que la réalisation de l’infrastructure du transport, la production d’électricité et d’hydrogène à partir des ressources d’énergie renouvelables ou la gestion de la valorisation des déchets. L’Etat doit poursuivre ses efforts d’investissement dans les secteurs où les opérateurs privés ne peuvent satisfaire entièrement les demandes des citoyens, notamment dans les secteurs de l’éducation, de la santé, du logement ou de l’accès à l’eau et à l’électricité”.

Ahmed Karam, ancien président de l’Association professionnelle tunisienne des banques et institutions financières

« Je pense qu’il est venu le moment de consulter par référendum la population pour choisir le mode de gouvernance politique qui nous est le plus utile afin de sortir de la situation difficile et retrouver la croissance économique. L’action se pose également au niveau du gouvernement. Je pense que la vision du gouvernement devrait consacrer principalement la bonne gouvernance avec les effets sur la corruption, consacrer  également la maîtrise des équilibres macroéconomiques et financiers et éviter les dérapages de la balance courante et du budget de l’Etat. Il faut également consacrer l’amélioration de l’environnement des affaires et également consacrer le développement inclusif.  L’autre  axe sur lequel il faudrait travailler et agir vite, pour que la démocratie s’accompagne de croissance, c’est l’administration. L’administration tunisienne devrait subir une réforme profonde. Tout d’abord, il n’est pas normal que l’administration ne soit pas encore digitalisée, la digitalisation est une forme de rupture. Il faudrait l’imposer avec un programme précis dans le temps. Cela suppose que dans l’administration, il y aurait des compétences fortes et il faudrait penser à un système particulier qui intéresse les compétences sérieuses. Il faut, enfin, améliorer le climat des affaires. Il y a tellement de textes, de procédures et d’autorisations inutiles qu’il faut revoir. Il faut vraiment s’atteler à assainir le climat des affaires pour que les investissements reprennent et pour que la croissance économique retrouve sa cadence habituelle. Veiller à renforcer davantage tous les organes de supervision et de régulation. […]L’écrivain français  François-René de Chateaubriand disait que  les institutions passent par trois périodes: la première est une période de service, la deuxième est une période de privilège et la troisième est une période d’abus, soyons toujours vigilants” .

Fadhel Abdelkafi, ancien ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale

“L’arsenal juridique de ce pays est un arsenal qui devient obsolète par moments et compliqué par moments. J’ai tendance même à croire qu’une personne qui souhaiterait appliquer  la loi stricto sensu a du mal à le faire, tellement c’est compliqué, tellement il y a plusieurs  interprétations des lois[…] Les programmes économiques, présentés par les partis politiques, ne tiennent pas la route pour une simple et unique raison: on a  tendance à ramener les meilleurs spécialistes de chaque secteur et on fait une compilation sans aucune intersection[…] La situation s’améliorera le jour où quelqu’un de courageux qui a une majorité et qui a autour de lui une dizaine de personnes qui sont motivées pour changer le pays, décide de le faire tout  en discutant avec les syndicats des travailleurs, le syndicat des patrons, les partis politiques et l’administration tunisienne. La Tunisie ne changera pas s’il n’y  a pas autour du chef du gouvernement et/ou du chef d’Etat 500 à 600 Tunisiens qui souhaitent réellement faire changer le pays. Cela  s’est passé ailleurs. Il ne faut pas être défaitiste. Cela s’est passé ailleurs, dans des pays beaucoup plus compliqués, et dont la population  est beaucoup plus nombreuse sur des problématiques sociologiques beaucoup plus importantes que les nôtres. Notre pays est relativement petit. Le changement nécessite à la fois de l’imagination et de la raison”.

Salwa Hamrouni, experte et universitaire

« Quel que soit le régime politique choisi, une république démocratique doit répondre à certains critères permettant à la fois démocratie et efficacité.[…] En gros, le régime politique tel que pratiqué par la classe politique n’a pas permis de répondre aux exigences essentielles de la société, réduire le taux du chômage, de la pauvreté, de l’abandon scolaire, etc. Le régime pratiqué a contribué à l’effritement de l’Etat réduit à une fonction bureaucratique et à une machine huilée au lieu d’en faire une locomotive pour le développement et pour le bien-être économique et social. Les dix dernières années ont également montré une profonde régression de la qualité des services publics, la surcharge humaine de la fonction publique n’a pas pu contribuer à l’amélioration de la qualité des services rendus par l’administration. Les services longs et complexes de l’administration représentent aujourd’hui un handicap à l’innovation et l’entrepreneuriat. 

La situation économique, issue des dix dernières années, s’explique aussi par l’absence de toute volonté d’instituer un Etat de droit”.

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