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Projet d’accord Tunisie-FMI: passage obligé

Recourir aujourd’hui au Fonds monétaire international pour solliciter son soutien aux finances publiques et à l’économie  du pays est devenu une nécessité indéniable. La cheffe de gouvernement, Najla Bouden, a confirmé lors de la 35e session des Journées de l’Entreprise que le gouvernement avait commencé à préparer un projet d’accord avec le FMI sur un nouveau programme intégré.


Ce projet d’accord enverra des signaux positifs aux investisseurs étrangers et aux autres institutions financières internationales et favorisera une amélioration de la notation souveraine du pays. L’accord pourrait être conclu avant la fin du 1er trimestre de 2022 selon le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi, indiquant que  la Tunisie n’ira pas au club de Paris et pourra honorer ses engagements extérieurs envers ses créanciers et évoquant la possibilité de recourir aux droits de tirage spéciaux et aux fonds de financement. Concernant la question de la restructuration de la dette, la Cheffe du gouvernement a déclaré que l’Etat tunisien pourrait honorer ses engagements extérieurs à court terme, compte tenu du niveau des réserves de change à la Banque centrale de Tunisie. De son côté, Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, a déclaré que des discussions techniques entre les services de l’institution financière et les autorités tunisiennes sont en cours, afin d’examiner la possibilité de lancer un nouveau programme de financement de l’économie tunisienne. Les discussions portent essentiellement sur la définition des priorités du pays, des défis à relever et des réformes  à réaliser afin de faire face à la crise actuelle que connaît le pays.

Azour a rappelé que le FMI a tenu toujours à être aux côtés de la Tunisie et à lui apporter tout l’appui nécessaire.

Selon les projections du FMI parues dans le rapport sur les perspectives de l’économie mondiale publié au mois d’octobre dernier, la Tunisie devrait enregistrer une croissance de 3% sur l’ensemble de l’année 2021. L’économie tunisienne devrait par la suite croître de 3,3% en 2022.

Absence de consensus sur les réformes

De par ces prévisions, on ne peut pas ignorer que les retards accumulés dans la mise en place des  réformes économiques ont largement contribué à la dégradation de la situation financière de la Tunisie et à la détérioration de ses relations avec les institutions financières internationales. Ces retards trouvent leur explication dans le climat politique et social et l’absence de consensus sur les réformes à mettre en place. Rappelons que  le taux de la dette publique a atteint  84,1% en 2020, un taux aussi élevé dû à la crise sanitaire, au déficit chronique des entreprises publiques et à la dépréciation du dinar tunisien. «Les estimations pour 2021 ont fait état d’une dette de 100% du PIB.

La crise sanitaire et l’instabilité politique en Tunisie ont retardé les négociations avec le FMI, dans l’attente d’un plan de sauvetage de l’économie tunisienne. Par conséquent, l’agence de notation Fich Rating a baissé, le 8 juillet 2021, la note de défaut émetteur à long terme  en devises de B à B- avec perspectives négatives. La méfiance qu’entraîne cette notation participe ainsi au cercle vicieux avec pour issue et seul prêteur potentiel le FMI», précise Hakim Ben Hammouda, ancien ministre des Finances.

La crise économique sans précédent, que traverse la Tunisie  depuis quelques années  dont l’ampleur et la gravité ont été renforcées par les effets de la crise sanitaire, a engendré, en 2020, la récession de l’économie, —la plus profonde de son histoire—, avec un taux de croissance de -8,8%.

A ceci s’ajoutent la baisse de l’investissement, l’explosion de l’endettement… «Mais la crise la plus immédiate est celle des finances publiques qui menace de se transformer en une déroute qui pourrait nous conduire vers un “Scénario libanais”», souligne Ben Hammouda . D’où l’accélération des  discussions avec le FMI de la part  des pouvoirs publics afin de parvenir à un accord capable de réduire les pressions sur les finances et d’éloigner la perspective du défaut de paiement.  De même, «le renforcement de la diplomatie économique et la multiplication des rencontres entre les responsables gouvernementaux  et les ambassadeurs des grands pays développés s’inscrivent dans la même  démarche et cherchent à renforcer l’appui financier à des finances publiques mal en point».

Arrêter la dérive des finances publiques

D’après une analyse élaborée par H. Ben Hammouda, le sauvetage de l’économie nécessite la mise en place d’une série de programmes afin d’arrêter la dérive des finances publiques et d’entamer les grandes réformes économiques. Il suggère, en effet, un programme de stabilisation économique à moyen terme (sur trois ans), qui constituera la première pierre dans le projet de sauvetage. «Un programme visant à limiter la dérive des finances publiques et des grands équilibres externes, établir les indicateurs chiffrés concernant l’évolution des principales thématiques économiques sur les trois années, celles liées particulièrement au déficit public, l’endettement et l’inflation. Il s’agit, en fait, d’un travail délicat qui demande la mobilisation des experts pour planifier l’évolution des ressources de l’Etat. Cette planification doit se baser sur une programmation réaliste de l’évolution des recettes et de l’état des négociations avec les institutions internationales, notamment le FMI et les délais d’accès à leurs ressources».

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Un commentaire

  1. fovet

    28 décembre 2021 à 07:16

    C EST LES NADAHOUIS QUI ONT RUINE LE PAYS AVEC LE SOUTIEN TACITE DES PAYS OCCIDENTAUX DONC UN REAMENAGEMENT DE LA DETTE VOIR UN EFFACEMENT PARTIEL SERA UN JUSTE RETOUR DES CHOSES

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