Accueil A la une Boulangeries modernes: «Si les matières premières augmentent, le prix du pain suivra» 

Boulangeries modernes: «Si les matières premières augmentent, le prix du pain suivra» 

Le torchon brûle, encore une fois, entre les professionnels du secteur et le ministère du Commerce et du Développement des exportations après avoir annoncé une augmentation «imprévue» et «non étudiée» des prix de la farine et de la semoule.


«La simple idée de revoir à la hausse le prix du pain, quel que soit le prétexte, peut effrayer tout Tunisien et faire très mal dans l’esprit de chacun d’entre nous. Mais lorsque quelque 13 mille postes d’emplois directs sont menacés, ainsi que 1.300 boulangeries risquent la fermeture, les professionnels du secteur ne comptent pas lâcher prise, car c’est leur avenir qui est en jeu… Si les prix des matières premières continuent à augmenter, on s’achemine vers une augmentation des prix du pain».

Voilà succinctement ce qu’ont décidé les propriétaires des boulangeries modernes, selon le président de la Chambre régionale des propriétaires des boulangeries non classées à Sfax, Salem Badri.

13 mille postes d’emploi menacés

Dans une déclaration accordée à La Presse, Badri a indiqué que les boulangeries modernes ont protesté mardi dernier devant le siège du gouvernement à La Kasbah pour dénoncer la hausse imprévue et non étudiée des prix de la farine subventionnée (qui est passé de 512 à environ 700 dinars les 1.000 kg) et de la semoule (de 400 à environ 600 dinars les 1.000 kg), soit une augmentation de près de 30% pour chacun de ces produits, alors que les autres boulangeries sont approvisionnées avec la même matière — en l’occurrence la farine — au prix de 220 dinars les 1.000 kg.

«A ce titre, les boulangeries modernes ne bénéficient d’aucune subvention et achètent de la farine et de la semoule au même prix affiché aux citoyens… Nous refusons catégoriquement cette décision paralysante, qui affectera négativement notre avenir et qui n’est pas du tout adaptée à la réalité de la situation, car si le gouvernement maintient sa position et si celle-ci se concrétise, elle provoquera la faillite de pas moins de 1.300 boulangeries modernes, qui devraient fermer leurs portes. Et là encore, ce ne sont pas moins de 13 mille postes d’emplois directs qui sont menacés. Face à cette situation, avec l’augmentation du prix des matières premières, les boulangeries modernes n’ont d’autre choix que de rajouter quelques centimes au prix de leur pain», nous a-t-il précisé.

Sur un autre plan, Salem Badri a indiqué que l’administration impose aux boulangeries modernes un approvisionnement exclusif de la part des minoteries, et une fois l’approvisionnement est assuré par une partie, les boulangeries modernes sont visées par la décision de fermeture ou par des amendes financières injustes qui varient entre 3.000 et 5.000 dinars. Par ailleurs, les décisions discriminatoires entre les boulangeries risquent d’empêcher les boulangeries modernes d’afficher l’enseigne «Boulangerie», alors que les professionnels du secteur sont majoritairement actifs, notamment dans le secteur de la fabrication du pain.

Badri a abordé, également, un autre sujet de désaccord lié aux questions du retard de la législation par rapport à l’évolution rapide de ce secteur, aggravant ainsi l’inquiétude des boulangers. «L’un des grands problèmes qui se pose à ce secteur concerne la vieille loi de 19 janvier 1956, relative au commerce de la boulangerie, à la fabrication et à la vente du pain. Il va falloir impérativement la réviser… A cela s’ajoute le contrôle dans ce domaine qui était, et l’est encore, largement insuffisant et mal fait, ignorant tout un processus de fabrication et des textes réglementant la profession», a-t-il souligné.

Pour rappel, à la date du 22 décembre, le ministère du Commerce et du Développement des exportations a démenti les informations qui circulent concernant une augmentation des prix du pain, affirmant qu’aucune augmentation n’a été apportée aux prix du pain subventionné.

Cependant, le département ministériel n’a pas donné des précisions sur la révision ou le maintien des nouveaux prix de la farine et de la semoule, ce qui laisse la porte ouverte à un nouveau bras de fer, car, selon Badri, les boulangeries modernes maintiennent leur position et demandent au ministère de la tutelle de revoir, voire de renoncer aux décisions jugées «déraisonnables».

Just wait and see.

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