
Début janvier restera une date à jamais marquée dans nos esprits et nos cœurs meurtris. En tout début d’année (1997 pour Balha et 2013 pour Zgaw), deux étoiles se sont éteintes et deux joueurs emblématiques ont tiré leur révérence après avoir servi le football tunisien comme personne d’autre.
Hédi Berrekhissa et Lassaâd Ouertani, étaient plus que des stars du sport-roi, local et continental. Aux yeux des puristes, ils émergeaient du lot et se sont distingués par leur charisme, leur aura, leur leadership et leur stature. Toujours sur la brèche, dans un état de lutte constante et d’activité soutenue, sur le terrain, ils guidaient leurs partenaires et gagnaient le respect de leurs adversaires. A jamais, le souvenir de ces deux icones, ces deux monstres sacrés, restera ancré dans nos mémoires.
Lassaad Ouertani, légende éternelle
Capitaine exemplaire, grand frère, guide spirituel du côté des vestiaires et dynamo clubiste sur le terrain, Lassaâd Ouertani alias Zgaw, constituait l’archétype du compétiteur accompli. Pur produit d’une référence en matière de formation des jeunes, en l’occurrence, la Jeunesse Sportive Kairouanaise, Zgaw a répété ses gammes et a fait ses classes au sein de la prestigieuse institution aghlabide sous l’œil avisé et expert d’un certain Khemaïes Laâbidi. Passé par la suite au Bardo, au Stade Tunisien, Ouertani a vite fait de tracer son sillon et de marquer son territoire. En ces temps-là, la Coupe arabe des clubs et la Coupe de Tunisie viendront garnir l’armoire à trophées stadiste, avec un Zgaw à son apogée, fort auparavant d’une victoire lors Jeux méditerranéens sous la tunique olympique. Ouertani passera par la suite un palier en optant pour le Club Africain. Zgaw est dorénavant au sommet et le CA glanera un titre national qui le fuit depuis des années, en plus d’une Coupe de l’Unaf. Batailleur, accrocheur, fonceur et lutteur pugnace qui ne rechigne jamais à la tâche, Ouertani avait le don de ne jamais lésiner sur l’effort et le fabuleux public clubiste le lui rendait bien. Ravi à la fleur de l’âge, Lassaâd Ouertani nous a quittés il y a 9 ans, en laissant derrière lui, entre autres accomplissements, l’héritage d’un homme impliqué sur le terrain et investi au-delà du rectangle vert. En clair, il constituait une passerelle entre le onze clubiste et ses soutiens sur les gradins, un accordeur entre les joueurs et le bureau directeur. Fatidique destinée calendaire de ce mois de janvier 2013 où ce gagnant a été victime d’un accident de la route. Depuis, il est et restera à jamais inscrit au panthéon de l’association de 1920 et élevé au rang de monstre sacré du Club Africain.
Hédi Berrekhissa à jamais dans les cœurs
Tout comme Zgaw et bien avant, Hédi Berrekhissa alias Balha, décédé «sur le champ de bataille» en début d’année 1997, au Zouiten, lors du match gala entre l’Espérance Sportive de Tunis et l’Olympique Lyonnais, était le meilleur latéral de sa génération, marquant son époque par son football offensif, son bagage technique et sa rigueur défensive. Doté d’un pied gauche impitoyable, il disposait de cette faculté de débouler, de piquer un sprint ravageur, de s’engouffrer et de faire la différence, du pied droit même, à l’instar de ce fameux but venu d’ailleurs face à Ezzamalek après avoir passé en revue toute la défense des Cairotes. Son crochet détonnant, ses tirs en première intention, sa prise rapide de décision a fait des ravages et fait trembler les buts des meilleures formations de la Ligue 1. Berrekihssa était en avance sur son temps, le prototype même du latéral-volant qui apporte le surnombre devant et revient vite au charbon en situation de repli. Bardé de titres locaux, continentaux et arabes en plus du graal afro-asiatique, Balha «marchera sur l’eau» en 1995 avec cette distinction de meilleur joueur arabe de l’année. Un insigne honneur et un titre mérité pour ce phénomène du football tunisien. Au summum et à son apogée, cet athlète longiligne nous a quittés à l’âge de 24 ans, suite à un malaise intervenu en pleine action face à l’OL. Toute la Tunisie, toutes couches confondues, épris de sport roi ou simples spectateurs occasionnels, ont rendu un vibrant hommage au fils prodige. Reposez en paix, Hédi Berrekhissa et Lassaâd Ouertani, on ne vous oubliera jamais.