Accueil A la une Réformes éducatives : Une école, plusieurs projets !

Réformes éducatives : Une école, plusieurs projets !

Le projet tel qu’annoncé par l’actuel ministre Fethi Sellaouti, soit le 5e depuis l’indépendance, aura-t-il des chances de succès ? D’ici à dix mois, ce chantier éducatif révèlera tous ses secrets.

Le ministre de l’Education, Fethi Sellaouti, a annoncé, il y a quelques jours, un chantier éducatif en dix mois. Un projet qui s’en tient, a priori, au développement du cycle primaire dans ses moindres détail. Mais, il ne s’agit pas d’un premier jet lié à pareille initiative. Au fil de l’histoire de la Tunisie moderne, il y a eu quatre projets de réforme. Celui de 1958 fonda, alors, l’école de Bourguiba, père fondateur de la nation qui avait beaucoup misé sur la matière grise pour mieux s’investir dans le capital humain.

L’école n’a pas changé

A son époque, l’école publique avait connu son âge d’or, reconnue ainsi être un véritable ascenseur social, où chacun pouvait trouver son compte. Passés les ans, l’école tunisienne n’est plus ce qu’elle était autrefois. Faute d’innovation, elle a du mal à retrouver son éclat d’antan. C’est que l’ancien système éducatif a fait preuve de ses limites. Vint, au début des années 90, le projet de feu Mohamed Charfi, alors, ministre de l’Education, au temps de Ben Ali. Ensuite, en 2002, celui de Sadok Korbi, focalisé sur le projet de loi d’orientation sur l’éducation. Mais, en vain. Aucune de ces initiatives ne prit forme. Ce fut, en fait, le statu quo. Et l’école publique n’a pas réellement changé.

Cet état des lieux continue ainsi, bien que toute une génération se trouve menacée de déculturation, victime d’un système éducatif en déphasage avec l’évolution de la société. Ce qui fait que l’école devait épouser son temps. En 2015, soit 13 ans plus tard, l’ancien ministre Néji Jalloul, lui aussi, tenta sa chance, dénonçant l’échec de ses prédécesseurs. «Laissons-nous tenter notre chance de rendre à l’école sa vraie vocation d’antan et la hisser à un tremplin pour l’emploi», ainsi s’exprimait-t-il en toute confiance. L’homme se lança dans une large consultation sur un nouveau modèle d’éducation qui soit participatif et inclusif. Son projet devait s’inspirer de l’expérience finlandaise, celle qui se démarque par son succès et sa position avancée à l’échelle mondiale. Et puis, le travail des commissions spécialisées est parti dans un marathon de négociations réunissant tous les intervenants du secteur, à savoir professionnels, enseignants, partenaires sociaux et société civile. Mais aussi, parents et élèves, en tant qu’acteurs principaux fort impliqués dans l’opération éducationnelle. Il y avait, alors, un débat de société qui avait débouché sur Livre blanc dont les recommandations n’ont pas été suivies d’effet.

On ne voit rien venir

Certes, la mission n’est guère une sinécure. D’autant plus que l’on a placé haut la barre des attentes et ambitions des Tunisiens d’une école publique véritablement gratuite, inclusive, juste et de qualité. C’est, d’ailleurs, l’ultime but de sa réforme : faire de l’élève la finalité de tout acte de révision. «La réforme devrait avoir un objectif et une carte éducative bien déterminée, avec trois idées-clés : qualité, équité et intégration», soulignait, en ces termes, le directeur général des programmes et de la formation continue au ministère de l’Education. Ce trio conceptuel consacre l’essence de la réforme, voire sa philosophie. On voulait, rappelle-t-on encore, que notre école soit typiquement tunisienne, en harmonie avec le vécu social, mieux ancrée dans son identité arabo-musulmane et qui corresponde aux attentes des Tunisiens.

Toutefois, on ne voit, jusque-là, rien venir. Et on continue à marcher dans le sillage de l’école bourguibienne. Comme si de rien n’était ! Aujourd’hui, l’on se penche, de nouveau, à tout remettre en chantier : développement du contenu pédagogique, révision du temps scolaire, animation de la vie scolaire, budgétisation de l’école, amélioration de son infrastructure, formation du corps enseignant. Tout pour le grand bonheur de l’élève. L’idéal est d’en faire un citoyen à part entière, plus ouvert aux autres cultures du monde. L’homme de demain, pour ainsi dire. Le projet tel qu’annoncé par l’actuel ministre Fethi Sellaouti, soit le 5e depuis l’indépendance, aura-t-il des chances de succès ? D’ici à dix mois, ce chantier éducatif révèlera tous ses secrets. Afin que la prochaine rentrée scolaire soit celle de toutes les nouveautés.

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