Entre la répression et l’usage légal de la force, il n’y a qu’un cheveu. En octobre 2020, à Sbeïtla, un homme trouve la mort dans la démolition d’un kiosque anarchique en présence de la police. En juin 2021, à Sidi Hassine, la police agresse un jeune après l’avoir dénudé.
Les exemples sur l’usage disproportionné de la force quand il s’agit d’interpellation ou pour mater une manifestation ne manquent pas. Ce qui est frappant dans les images qui restituent des scènes d’agression violentes parmi les forces de l’ordre, c’est que les agents qui commettent ces actes sont généralement des policiers en civil. Soit des agents auxquels on fait appel en renfort pour gonfler les rangs des forces formées pour intervenir et rétablir l’ordre public en cas d’émeutes ou de manifestation. Or ces agents non formés et non initiés à la gestion des troubles se trouvent démunis des principes élémentaires de l’intervention organisée dans le cas d’une présence massive de citoyens. Sans commandement, sans stratégie, ils peuvent s’adonner à des actions musclées qui les exposent à des poursuites pour coups et blessures envers les citoyens. Mais des drames peuvent aussi survenir entraînant mort d’hommes. Ce qui s’est passé le 14 janvier 2022, lors de la manifestation organisée à Tunis, témoigne d’un manque de promptitude de ces agents en civil. C’est d’ailleurs pourquoi la mort suspecte d’un membre du parti Ennahdha qui participait à cette manifestation donne lieu à des interprétations multiples tant les scènes de violence ont émaillé cette marche. De plus, la communication tardive sur cette personne admise en soins intensifs le jour même et qui a pourtant été transférée par les agents de la Protection civile à l’hôpital Habib-Thameur depuis le lieu de la manifestation ne fait que renforcer l’hypothèse d’un décès suspect. Ne fallait-il pas informer sa famille de son état, leur expliquer les raisons de son coma ? Comment les gens vont-ils gober cette thèse de mort des suites d’une attaque cérébrale sans présence de signes apparents de violence, alors que ni le ministère de l’Intérieur, ni les services de la Protection civile, ni l’hôpital où le défunt a été admis, n’ont communiqué sur cette question ? Encore une affaire qui a été prise à la légère par toute la chaîne mais dont les développements seront forcément politiques. Car une fois que l’enquête judiciaire établira les vraies causes du décès, il sera un peu tard pour convaincre.
BRAHIM
21 janvier 2022 à 20:57
J’admire l’aspect candide, bienveillant voire naïf de cet article ! Pauvres citoyens tunisiens sous un régime qu’un de vos confrères a qualifié de « dictature éclairée et responsable » ! Rien que çà !