Qui aurait pu croire que la Tunisie allait pouvoir renaître de ses cendres face à l’ogre nigérian ? Personne, sauf les joueurs eux-mêmes avec lesquels le grand public s’est amplement réconcilié.
Avant le coup d’envoi du duel «déséquilibré» entre la Tunisie et le Nigeria, on était tous à mille lieues d’être effleuré par la simple idée d’éviter un «Waterloo» et une nouvelle humiliation devant l’équipe africaine la plus performante, grâce à ses trois victoires limpides en phase des poules. C’était plutôt l’histoire d’un cheval sur lequel personne ne misait face au super favori d’une course perdue d’avance.
Les raisons de ce pessimisme (ou plutôt de ce réalisme), qui ne laissaient aucune place au rêve ni au miracle inespérés, étaient tout simplement le désolant et piètre rendement de notre sélection au premier tour, ajouté au ravage enduré par l’effectif tunisien à cause du covid.Mais contre toute attente, le colosse nigérian a été surpris par un onze tunisien très malicieux, parvenu à le mettre à genoux et le balayer de son chemin grâce au superbe but de son vieux briscard Youssef Msakni.
Et la proie de dévorer son prédateur !
La sobriété face à l’excès de confiance
Ce fut un scénario de renversement de situation à inculquer aux jeunes footballeurs, tellement il est truffé de leçons et d’enseignements.
Il y a d’abord la trappe de l’excès de confiance dans laquelle les Nigérians sont tombés de la manière la plus «stupide». C’est que ces derniers ont vendu la peau de l’ours avant de l’avoir tué, en croyant qu’ils allaient faire une bouchée de cette Tunisie trop faible pour leur résister.
Ils voulaient scorer dès l’entame du match pour gérer le jeu à leur guise par la suite et pourquoi pas de se jouer de leur adversaire comme le fait le chat avec la souris.
Mais les Tunisiens, qui ont laissé tous les téléspectateurs hébétés ne l’entendaient de la même oreille. Ils ont laissé passer l’ouragan du début de la rencontre, voire de la première mi-temps nettement dominée par les Nigérians, avant de se dresser comme de coriaces adversaires devant des «super eagles» dépourvus de griffes. C’est surtout la sobriété, la concentration et l’application de nos joueurs qui ont émerveillé et qui nous ont terriblement manqué au premier tour. C’était au point de nous faire croire que l’équipe nationale était au Cameroun pour faire de la figuration, tellement elle était à court d’inspiration et de solutions.Les coéquipiers de Youssef Msakni cogiteaient tous comme un seul homme: démentir tout le mal qu’on pensait d’eux et démontrer ce dont ils étaient encore capables de réaliser.
Avec une bonne organisation défensive exécutée à la perfection par les excellents Drager, Ifa, Talbi, Haddadi, Skhiri et Aidouni, aucune faille n’a été trouvée par les Nigérians.
De plus, on était loin de négliger une certaine audace offensive menée principalement par Msakni et Jaziri de temps à autre. L’équipe nationale a tellement respecté les exigences du jeu réfléchi (avec sobriété et détermination) qu’elle n’a pas été trahie par la chance, non plus, qui lui a souri sur le splendide tir décoché des vingt mètres par Msakni. Jusque-là, on aura tout vu avec cette équipe nationale «atypique» capable à la fois des meilleures prouesses que des pires désillusions.Maintenant qu’elle a eu raison du favori numéro un de la CAN, elle a recouvré ses repères de la gagne tout en devenant respectée et redoutée de tous.Pourvu qu’elle ne soit pas rattrapée, encore une fois, par les vieux démons de son incompréhensible irrégularité !
crédit photo : © Mokhtar HMIMA