Pour le cas de la Tunisie, les résultats de l’enquête en disent long sur les appréhensions des sondés sur les conséquences de l’instabilité politique et de la crise économique qui sévissent depuis 2011 et qui n’ont que trop duré.
Les résultats du 17e rapport du Forum économique mondial (FEM) sur les risques mondiaux ne font qu’exprimer tout haut ce que beaucoup, y compris économistes et observateurs, craignent tout bas. Basé sur une enquête de perception, réalisée en mai 2021, auprès de 1.000 chefs d’entreprise, responsables gouvernementaux et universitaires dans 124 pays, le document enfonce le clou et fait écho aux préoccupations de la Banque mondiale et du FMI quant à la reprise économique dans les pays émergents. Si le FEM met en garde contre le ralentissement de la croissance des économies en développement au cours des années à venir, pour la Tunisie, le tableau est encore plus sombre. Effondrement de l’Etat, crise de la dette, chômage, prolongement de la stagnation de l’économie et prolifération des activités économiques illicites sont les principaux risques qui ont été évoqués par les répondants à l’enquête en Tunisie.
Selon les sondés, l’effondrement de l’Etat constitue la menace la plus probable pour le pays, au cours des deux prochaines années. Ces résultats en disent long sur leurs appréhensions sur les conséquences de l’instabilité politique et de la crise économique qui ont sévi depuis 2011 et qui n’ont que trop duré. Selon le rapport, seuls cinq autres pays, à savoir le Liban, le Venezuela, le Nicaragua, le Pérou et le Honduras, classent l’effondrement de l’Etat comme premier risque.
Le changement climatique, première menace mondiale
Le rapport annuel du FEM place, en effet, le changement climatique en tête des préoccupations des dirigeants à travers le monde, et ce, à court, moyen et long terme alors que la « cyber-sécurité », la transition climatique désordonnée, les pressions migratoires et la course à l’espace constituent les quatre domaines de risques émergents. Le document précise que les dix risques les plus graves, que le monde devrait affronter au cours des dix prochaines années, sont identifiés selon l’ordre suivant : la défaillance de l’action climatique, les conditions météorologiques extrêmes, la perte de la biodiversité, l’effritement de la cohésion sociale, les crises de moyens de subsistance, les maladies infectieuses, les dommages environnementaux causés par l’Homme, les crises des ressources naturelles, celles de la dette et la confrontation géoéconomique.
Une croissance molle dans les pays en développement
Par ailleurs, les résultats de l’enquête globale montrent que seuls, 16% des personnes interrogées sont optimistes quant aux perspectives mondiales, 11% pensent que la reprise mondiale va s’accélérer alors que la quasi-majorité s’attend plutôt à ce que les trois prochaines années soient caractérisées par une volatilité constante et par de multiples trajectoires fracturées qui sépareront les économies résilientes et les non-résilientes. « Les dirigeants mondiaux doivent s’unir et adopter une approche coordonnée et multipartite pour relever les principaux défis mondiaux et renforcer le sentiment de résilience avant la prochaine crise», a déclaré Saâdia Zahidi, la directrice générale du FEM.
Le Forum met en garde contre les répercussions de la pandémie covid sur les économies en développement qui devraient en porter les séquelles sur le moyen terme. En effet, le rapport souligne que «d’ici à 2024, la croissance des économies en développement (hors Chine) devrait être de 5,5% au-dessous du niveau anticipé avant la pandémie, tandis que celle des économies avancées devrait le dépasser de 0,9 % ».
Des prévisions qui confirment les craintes de la Banque mondiale quant à la reprise dans les pays émergents. En effet, l’institution financière a, tout récemment, révisé à la baisse ses prévisions de croissance mondiale. Elle prévoit désormais un coup de frein « prononcé de l’économie en raison de menaces récentes, comme les variants du covid et la montée de l’inflation, les inégalités de revenus qui pourraient mettre en danger la reprise dans les pays émergents et les économies en développement ».