Accueil Economie Internationalisation des entreprises tunisiennes : Comment gagner le pari ?

Internationalisation des entreprises tunisiennes : Comment gagner le pari ?

Pour Jalloul Ayed, président d’honneur du conseil d’affaires tuniso-africain Tabc, la diplomatie économique a un grand rôle à jouer pour propulser les entreprises tunisiennes sur les marchés extérieurs, notamment africains. Quant à Habib Karaouli, CEO Cap Bank, il est plutôt question d’une stratégie cohérente de partenariat où la Tunisie est appelée à mettre le prix pour soutenir les PME. 

Intervenant lors de la conférence organisée, samedi 29 janvier à Tunis, par le conseil d’affaires tuniso-africain (Tabc), sous le thème « le développement à l’international des entreprises tunisiennes: défis et opportunités », le président d’honneur du Tabc, Jalloul Ayed, a mis l’accent sur l’importance du rôle que peut jouer la diplomatie économique dans la facilitation de l’accès des entreprises tunisiennes aux marchés africains.

Accroître la présence diplomatique 

Faisant la distinction entre diplomatie commerciale et diplomatie économique, Ayed définit cette dernière comme étant « un processus qui contribue à la compilation systématique d’informations géoéconomiques pertinentes qui permettent la bonne conduite d’une politique d’Intelligence économique perspicace, mais aussi la facilitation de la mobilisation des sources multilatérales […] et l’établissement des relations avec les centres de compétences, les grands médias et les groupes de réflexion (think tank). L’objectif est  d’assurer le transfert des connaissances et des technologies vers le pays ».

Par contre,  la diplomatie commerciale concerne les activités diplomatiques visant à promouvoir les exportations tunisiennes ainsi que les investissements par le biais de la promotion des relations entrepreneuriales et commerciales entre les agents économiques tunisiens et étrangers, a-t-il précisé.

Ayed a fait savoir que cette distinction entre les deux notions est fondamentale parce qu’elle se traduit par des déclinaisons complètement différentes en termes de stratégies.

Il a, par ailleurs,  souligné la nécessité d’une présence diplomatique importante dans les pays africains. A cet égard, il a évoqué, comme exemple, l’accroissement de la présence de la Turquie en Afrique qui compte actuellement 43 ambassades africaines contre 15 en 2009.

Ayed a également mentionné les incitations qui ont été adoptées dans le cadre de la stratégie turque pour la stimulation des exportations vers l’Afrique. Il s’agit, notamment, du passeport vert qui permet les mêmes avantages qu’un passeport diplomatique et qui est octroyé à tout exportateur qui réalise un montant dépassant 1 milliard de dollars d’exportations.

La stratégie adoptée par les Turcs a également permis aux PME baptisées « les tigres anatoliens » de bénéficier de la garantie de l’Etat. Pour le président d’honneur du Tabc, le Maroc est également un exemple à suivre. Sous l’égide du roi marocain, la stratégie du pays vise à augmenter  ses réseaux diplomatiques en Afrique qui comptent à ce jour 18 ambassades.  Aujourd’hui, le montant des investissements marocains en Afrique subsaharienne a dépassé les 4 milliards de dollars.

Des PME qui ont besoin d’appui 

De son côté, Habib Karaouli, CEO Cap Bank, a mis l’accent sur la nécessité d’avoir une stratégie de partenariat gagnant-gagnant conçue dans la durée, qui dépasse le simple aspect de la promotion des exportations et qui doit garantir la pérennité de cette relation entre la Tunisie et les pays d’Afrique subsaharienne. A cet égard, Karaouli a pointé du doigt un manque de cohérence au niveau des politiques menées par l’Etat, se traduisant par une contradiction entre les objectifs souhaités en termes d’internationalisation des entreprises et le faible  soutien qui leur est apporté.  « Nous avons un problème réel de cohérence. Pour jouer à l’international,  il faut être champion chez soi.  Vous ne pouvez pas ostraciser, vilipender l’entreprise tunisienne, quasiment pénaliser l’initiative et vous attendre à ce que cette initiative privée puisse aller à l’international. C’est un vrai problème de cohérence. Il faut  considérer, soutenir et appuyer les entreprises avant de penser à quoi que ce soit », a-t-il précisé.

Et d’ajouter : « A  mon sens, nous n’avons pas  fait le minimum. La France a consacré 60 milliards d’euros, soit, 2,6% du PIB pour soutenir les entreprises françaises.   Si nous avions consacré le même taux, on aurait dû mettre 3,2 milliards de dinars au profit de l’entreprise tunisienne. On avait les moyens de le faire. […] Résultat: nous avons un rebond de 2,6% ce qui est en deçà de ce qu’on pouvait faire, si on avait cette perspective là. Le Sénégal a consacré 8% du PIB pour soutenir les entreprises », a-t-il indiqué.

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