Mondher Kebaïer a été remercié. Ce n’est pas la décision qui surprend, mais le timing et le mode. Même pas 24 heures après la défaite face au Burkina Faso, quand est-ce qu’on a pris le temps pour évaluer la prestation et le bilan de la sélection? Cela prouve une chose : ce n’est pas le bureau fédéral qui a limogé ou qui a intronisé Kebaïer, c’est bien sûr le président de la FTF qui a toujours le dernier mot.
La décision a été déjà arrêtée bien avant le match du Burkina Faso. Que doit-on comprendre derrière ce limogeage? D’abord, Wadii El Jery n’a plus confiance dans le sélectionneur national. Il a déjà fait partir Adel Sellimi (et avec lui Moez Hassen et Ferjani Sassi), avant de promouvoir Jalel Kadri (qu’il a ramené lui aussi en staff). Le communiqué de la FTF est comme d’habitude imprécis et évasif. Il ne dit pas si Kadri est désigné comme intérimaire ou définitif, parce qu’un nouveau sélectionneur désigné, c’est aussi un bail où l’on indique la durée du contrat, et c’est aussi un staff-adjoint. Rien de cela, et bien sûr les rumeurs citent Kanzari (le préféré de Wadii El Jary depuis 2013) pour épauler Kadri dans le match du Mali. Réduire le problème de la sélection en la personne de Kebaïer est absurde. Une finale en Coupe arabe, un quart de finale à la CAN, nous sommes dans la «moyenne» de la sélection durant ces dernières 15 années.
Personne ne parle des joueurs, de leurs limites, de leur inconstance, de leurs clans guidés par quelques joueurs-cadres.
C’est pratiquement le même groupe qui a sorti un petit mondial en Russie, c’est pratiquement le même qui a raté une qualification en finale de la CAN 2019, qui a perdu devant le Burkina Faco en 2017 en quarts, et devant la Guinée équatoriale en 2015. Finalement, Kebaïer n’a pas été plus «catastrophique» que ses prédécesseurs. Une chose étrange retient notre attention : le nombre élevé de sélectionneurs lors de l’ère El Jary : Sami Trabelsi, puis Nabil Maâloul, puis Krol (le match du Cameroun en barrages du mondial 2014), puis Leckens, puis Kasperczak, puis Maâloul de nouveau, puis Benzarti, puis Giresse (limogé on ne sait trop pourquoi) Kebaïer, et enfin Kadri ! Neuf sélectionneurs en presque 10 ans, c’est un ratio que vous ne trouverez jamais dans les grandes sélections. Tout ce beau monde de sélectionneurs n’a pas réussi, tout ce beau monde ne sait pas manager une sélection ? Essayons de voir les choses autrement. Pas la peine d’écouter toutes ces paroles insensées, ces diatribes envers l’ex-sélectionneur, le problème est beaucoup plus complexe.
Les joueurs, personne n’en parle. Les interférences en sélection, personne ne les évoque, et le mérite des adversaires, ça, on ne veut pas l’admettre. Ce sont nos joueurs, c’est tout ce qu’ils peuvent faire. Arrêtons donc de charger les sélectionneurs nationaux à chaque fois. Nous ne sommes pas l’équipe de France, le Brésil ou l’Allemagne. Soyons un peu humbles et concrets pour une fois !