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Ennahdha cherche l’effusion de sang

Editorial La Presse

L’appel à manifester lancé par le mouvement Ennahdha pour le 6 février, et qui coïncide avec la date de la commémoration de l’assassinat de Chokri Belaïd, est une provocation claire à ceux qui soutiennent la thèse de l’implication de l’appareil secret du parti islamiste dans cet homicide odieux. Cette provocation qui n’a d’autre objectif que dresser les Tunisiens entre eux cherche la confrontation des manifestants avec l’espoir de voir le sang couler de part et d’autre ainsi que de pousser les forces de sécurité à mater par la répression ces deux mobilisations.     

Cela confirme aussi le recours du mouvement islamiste à une démonstration de force en mobilisant des milliers de ses adhérents contre des centaines que mobilisera le parti de gauche Watad, dont Chokri Belaïd était le leader incontesté au moment de son assassinat. Pourquoi Ennahdha cherche-t-il à défier en même temps Saïed et ceux qui exigent de traduire devant la justice les commanditaires de ce meurtre ?

Il faudra chercher le sens d’une telle machination dans l’étau qui se resserre autour de ce mouvement islamiste depuis que le Chef de l’État a décidé de faire la lumière sur ce forfait et d’autres en épinglant à plusieurs reprises l’appareil judiciaire et d’ordonner la mise en résidence surveillée de son présumé chef, Noureddine Bhiri. Toutefois, les tonitruants juges responsables de l’omerta imposée à ce dossier, et qui continuent à bloquer toute issue pour élucider cette affaire, entravent le processus en usant frauduleusement de l’alibi de l’indépendance de la justice. Ennahdha, qui s’escrime à jouer à la victime en agglutinant le maximum possible de ses adeptes aux côtés de ceux qui combattent depuis des années pour faire éclater la vérité et demander la reddition des comptes à tous ceux qui sont impliqués dans l’assassinat politique, ne fera que jeter de l’huile sur le feu et mettra dans l’embarras ceux qui se sont portés solidaires avec lui parmi les militants pour un retour au processus constitutionnel. De quel côté se rangeront Hamma Hammami, Jawhar Ben Mbarek, Zouheir Maghzaoui et d’autres militants ? En faveur d’Ennahdha ou du côté des militants et défenseurs de Chokri Belaïd ?

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