Mondher Kebaïer a payé le prix d’avoir répété et accumulé les mêmes erreurs qui ont confirmé les limites de son management approximatif. Son adjoint, Jalel Kadri, sans grand vécu, est-il le bon successeur ?
S’il est une leçon majeure que la Coupe arabe nous a donnée et que nous n’avons pas retenue et que la Coupe d’Afrique a naturellement confirmée, c’est que nous avons une bonne équipe, mais pas un bon staff et un bon sélectionneur en mesure d’en faire une super sélection capable d’aller jusqu’au bout, de réaliser un gros projet et de briguer les gros sacres. On savait, depuis la finale ratée lamentablement au Qatar, que les jours de Mondher Kebaïer, comme chef de staff des Aigles de Carthage, étaient comptés, mais le facteur temps a joué en sa faveur et lui a fourni une occasion ultime de se racheter au Cameroun qu’il a pas su saisir et qu’il a gâchée. S’il a été limogé illico-presto après le quart de finale raté contre le Burkina Faso, il ne doit s’en prendre qu’à lui-même et faire d’abord son mea-culpa avant de désigner d’autres coupables ou boucs émissaires, tellement sa responsabilité dans cet échec était nette et incontestable. On peut être entraîneur ou manager général dans des clubs pendant de longues années, trouver preneur sans difficulté après la fin d’une idylle avec l’un d’eux, mais être sélectionneur, c’est le rendez-vous d’une vie. Si on le rate, on passe automatiquement à la trappe et le repêchage n’est pas facile sur le champ et risque même d’être long à venir et même impossible.
Un bon sélectionneur est un fédérateur
Car une sélection n’est pas un ensemble homogène en place dès le départ, mais un assemblage de talents qui n’évoluent pas ensemble, puisqu’ils viennent de championnats différents et d’équipes qui ont des styles de jeu qui varient. Pour en faire une équipe et un bloc soudé, il faut savoir les fédérer autour d’un projet de jeu et les insérer dans le bon système pour la bonne marche et la réussite de ce projet.
Ça ne peut se faire qu’avec l’instauration d’un esprit de famille, d’un esprit de commando qui va en guerre, uni et solidaire.
Et la réussite commence par les vestiaires qui ne doivent pas être comme une marmite qui bout tout le temps et où l’ambiance générale doit être saine. Dans les vestiaires de cette équipe de Tunisie, Mondher Kebaïer a été impassible et impuissant devant l’émergence de clans qui ont fissuré le groupe et ça s’est répercuté sur le terrain dans ses choix en adaptant le système de jeu aux profils de joueurs qu’il était devant l’obligation d’imposer comme titulaires au grand dam de ceux qui se sont sentis condamnés au statut de réservistes. Il n’a pas su être ce sélectionneur fédérateur qui met tous les éléments de son effectif sur un pied d’égalité et n’enlève pas le mérite des uns pour ne pas brusquer et frustrer les «intouchables» de la formation. Ce manque de caractère ne pouvait qu’engendrer l’image et la sensation d’une faible personnalité qui manque d’assez d’autorité pour imposer ce qui est très important, voire primordial, dans une sélection : la discipline de groupe. Bien entendu, si on n’est pas un technicien bon fédérateur et excellent meneur d’hommes, on ne peut pas être bon stratège et bon lecteur tactique sur terrain avec des matches où l’approche et la physionomie changent constamment avec la nature de l’adversaire, sa manière de jouer et le système de jeu qu’il propose. Car, comme disait Arsene Wenger, «un entraîneur apprend tous les jours», c’est- à-dire qu’il doit être en adéquation constante avec le jeu de ses adversaires et trouver en même temps la bonne adéquation en animation défensive et offensive et la bonne philosophie pour bien contrer ces adversaires et les battre.
crédits photos : © Mokhtar HMIMA