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Liens du sang

Editorial La Presse

LE début de l’année 1958 fut marquée par plusieurs embuscades des moujahidine tendues à partir de notre pays et qui ont porté un coup dur au moral des troupes françaises qui ont enregistré de sérieux revers. Après ces opérations, les résistants algériens durent se retrancher dans le village frontalier de Sakiet Sidi Youssef. Mais le 8 février 1958, à Sakiet Sidi Youssef, le 30e incident vient de se produire. Il s’agit d’un avion français touché par une mitrailleuse postée dans ce village à 9h05 du matin et qui dut se poser en catastrophe à Tebessa. Le général Edmond Jouhaud, commandant de la 5e région aérienne, décide alors d’effectuer un raid. Ce fut le massacre à Sakiet Sidi Youssef.       

En effet, le bombardement de Sakiet Sidi Youssef par l’aviation française fut un carnage : 72 morts (dont des enfants et des personnes âgées) et de nombreux blessés estimés à quatre-vingt-quatre. Depuis, l’événement annuellement célébré dans le village martyr symbolise la fraternité tuniso-algérienne. C’est d’ailleurs dans cet esprit mémoriel que le Premier ministre algérien s’est rendu hier en compagnie de la Cheffe du gouvernement tunisien, Mme Najla Bouden, à Sakiet Sidi Youssef non seulement pour perpétuer le souvenir des martyrs tombés ce jour-là mais aussi pour explorer les pistes pour hisser le niveau de collaboration entre les deux pays à des paliers supérieurs. Certes, il n’y a pas à rougir d’afficher haut et fort une collaboration, une coopération sécuritaire et militaire pour lutter contre l’hydre terroriste qui menace non seulement notre pays mais aussi l’Algérie, en pareille occasion. La Tunisie n’a-t-elle pas constitué l’arrière-garde de la révolution algérienne aussi bien logistique qu’humaine pendant l’occupation française ? C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’Algérie n’est guère indifférente aux activités de la nébuleuse terroriste dans notre pays. Notre voisin n’est-il pas lui-même dans la ligne de mire des islamistes jihadistes sur au moins deux flancs stratégiques ? Dès lors, il est tout à fait logique que les deux pays, déjà unis par des liens du sang, se serrent les coudes pour faire front à ce danger commun. Mais l’heure est aussi pour faire face à d’autres défis non moins importants, sachant bien que la Tunisie vit une crise économique et financière aiguë où l’Algérie peut jouer un grand rôle pour la soutenir et se tenir à ses côtés dans un moment aussi crucial marqué par les effets insoupçonnés de la pandémie du coronavirus sur ses équilibres économiques et financiers. Cette solidarité, qui se perpétue au plus haut niveau des deux pays, devrait d’ailleurs déboucher sur un appui algérien inconditionnel à même de permettre à notre pays de surmonter la crise et à notre voisin d’assurer une stabilité politique et sociale à ses frontières.    

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