Accueil A la une Le président de la BAD au Sommet UE-UA à Bruxelles: «Les promesses avancées doivent être tenues…»

Le président de la BAD au Sommet UE-UA à Bruxelles: «Les promesses avancées doivent être tenues…»

Le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Dr Akinwumi A. Adesina, a aussi appelé  à un meilleur accès aux vaccins contre le Covid-19, lors de sa participation au 6e sommet Union européenne – Union africaine (UE-UA), qui s’est tenu les 17 et 18 février à Bruxelles.

Alors que les pays développés sont passés aux doses de rappel, l’Afrique, un continent de 1,4 milliard d’habitants, est encore aux premières doses et seulement 11 % de la population a été entièrement vaccinée contre 16 % qui l’a été partiellement. Tels sont les mots choisis par le président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) au début de son discours.

L’égalité vaccinale, un défi majeur

Dans le même cadre, Dr Akinwumi A. Adesina a appelé à un meilleur accès aux vaccins contre le Covid-19, à assurer la sécurité des vies africaines et à construire le système de défense sanitaire de l’Afrique. Mais ces objectifs devraient s’appuyer sur trois priorités stratégiques, à savoir une infrastructure de soins de santé de qualité en Afrique, une industrie pharmaceutique africaine et une capacité de fabrication de vaccins de l’Afrique… Toutefois, pour atteindre la capacité de production de 60% de vaccins, dont elle a besoin d’ici à 2040, l’Afrique devrait disposer d’une somme de l’ordre de 600 millions à 1,3 milliard de dollars… A cet effet, la BAD investira trois milliards de dollars pour la fabrication des produits pharmaceutiques et des vaccins en Afrique.

Sur un autre plan, pour faire face aux impacts socioéconomiques de la pandémie et soutenir la relance économique, Dr Adesina a indiqué que l’Afrique aura besoin de quelque 484 milliards de dollars au cours des trois prochaines années. Et pour éliminer l’extrême pauvreté d’ici à 2030, il lui faudra disposer de 414 à 784 milliards de dollars par an. L’Afrique aura aussi besoin de 7 à 15 milliards de dollars par an pour faire face au changement climatique et il lui faudra 68 à 108 milliards de dollars par an pour combler le déficit de financement des infrastructures.

Les High 5

Au cours des six dernières années, la BAD a octroyé près de 39 milliards de dollars de financement au continent, notamment à l’appui de ses High 5 : Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie, Nourrir l’Afrique, Intégrer l’Afrique, Industrialiser l’Afrique et Améliorer la qualité de vie des populations africaines.

«Ces High 5 sont les accélérateurs de la réalisation des objectifs de l’Agenda 2063. Une évaluation de ces High 5 entreprise par le Programme des Nations unies pour le développement mèneront à la réalisation de 90% des objectifs de l’Agenda 2063 et 90 % des cibles des objectifs de développement durable… Beaucoup a été réalisé au titre des High 5 et au cours des cinq dernières années, le travail du Groupe de la BAD a eu un impact sur la vie de 335 millions de personnes, accélérant le mouvement vers la réalisation des objectifs de l’Agenda 2063 ; près de 21 millions de personnes ont pu avoir accès à l’électricité, près de 76 millions de personnes ont bénéficié de technologies agricoles pour leur sécurité alimentaire, plus de 12 millions de personnes ont eu accès à des financements par le biais de sociétés du secteur privé bénéficiaires de financements, plus de 69 millions de personnes ont bénéficié d’une amélioration du transport…et 50 millions de personnes ont eu accès à une amélioration de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement», a-t-il souligné.

Réallocation des DTS… 

S’il est vrai que l’émission de droits de tirage spéciaux (DTS) à concurrence de 650 milliards de dollars par le Fonds monétaire international a significativement aidé l’Afrique, il reste qu’elle n’en a reçu que l’équivalent de 33 milliards de dollars. Lors du Sommet de Paris sur les économies africaines, les chefs d’État africains, avec le soutien ferme du président Macron, ont appelé à une nouvelle allocation de 100 milliards de dollars à l’Afrique. On a également demandé que cette nouvelle allocation de DTS passe par la BAD, en tant que détenteur agréé de DTS.

«Et donc, les promesses faites doivent être tenues car l’Afrique sera très bien servie en faisant passer par le biais de la BAD les DTS qui lui seront réaffectés. Tout d’abord, en tant qu’institution financière cotée triple A, la Banque sera en mesure de démultiplier les DTS trois à quatre fois. Par exemple, une réallocation de 50 milliards de dollars par l’intermédiaire de la BAD sera utilisée par effet de levier pour fournir 200 milliards de dollars aux économies africaines…Deuxièmement, la Banque contribuera à recapitaliser d’autres institutions financières africaines, dont bon nombre ont bénéficié de la contribution de la Banque lors de leur création, notamment la banque Afreximbank, la Banque ouest-africaine de développement, la Banque de développement de l’Afrique de l’Est, la Banque de développement de l’Afrique centrale, l’Africa Guarantee Fund, la société de réassurance Africa-Reinsurance Company, Shelter Afrique, Trade and Development Bank, Africa50, ainsi que la Banque de développement de l’Afrique australe…», a-t-il expliqué.

Dr Adesina souhaite également tirer parti de cette plateforme pour plaider en faveur d’un financement supplémentaire des actionnaires pour que ces institutions puissent jouer les rôles critiques qui leur ont été assignés… Pour lui, afin de protéger l’Afrique des chocs économiques futurs, il est maintenant essentiel de mettre en place un mécanisme africain de stabilité financière étant donné que l’Afrique est la seule région du monde à ne pas avoir de réserves de liquidités pour protéger le continent contre les chocs.

2022, année de la nutrition en Afrique

Pour Dr Adesina, nourrir l’Afrique demeure une priorité absolue. L’initiative de la BAD, intitulée Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine (Taat), a permis à 12 millions d’agriculteurs du continent de recevoir des technologies compatibles avec la sécheresse. La Banque soutient la création de zones spéciales de transformation agro-industrielle dans 18 pays afin de contribuer à la transformation de l’agriculture en tant que principale source de richesses et d’emplois. Sur un autre plan, la BAD, le Fonds international de développement agricole et la Commission de l’Union africaine ont lancé la Facilité pour la sécurité alimentaire et la nutrition en Afrique au Sommet de l’ONU sur les systèmes alimentaires.

«Désormais surnommée Mission 1 pour 200, cette facilité de financement, qui contribuera à mobiliser un milliard de dollars, permettra de mettre à la disposition de 40 millions d’agriculteurs des technologies climatorésilientes et hautement nutritionnelles, de produire 100 millions de tonnes de nourriture et de nourrir 200 millions de personnes. Cela contribuera à réduire l’insécurité alimentaire en Afrique de 80 %», a-t-il précisé.

La discussion de mesures, et notamment d’un programme d’investissement, permettant de répondre aux défis urgents du changement climatique, ainsi que des dialogues sur le renforcement des partenariats transcontinentaux en matière de sécurité, de gouvernance et de prospérité étaient aussi à l’ordre du jour. Autre point potentiel à l’ordre du jour à Bruxelles : la 16e reconstitution du Fonds africain de développement, le guichet concessionnel du Groupe de la Banque africaine de développement. Une reconstitution aura lieu dans le courant de l’année 2022. Tout en saluant les réalisations du Fonds africain de développement, Dr Adesina a proposé des réformes pour améliorer son efficacité dans la conduite du développement des pays africains à faible revenu.

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