• Que faut-il retenir de cette série de grèves qui paralysent le pays moins d’une semaine après le 25e congrès de l’Ugtt tenu à Sfax la semaine dernière ?
• Les syndicalistes soutiennent les grévistes mais envoient, en même temps, des signaux rassurants au gouvernement en contrepartie de la satisfaction de certaines revendications
Quand les éboueurs décident de débrayer de nouveau et laissent les déchets ménagers s’amonceler deux jours durant dans les rues (lundi 21 et mardi 22 février), quand les agents de la Cnam à Tataouine observent (hier mardi 21 février) une grève inopinée et quand ceux de la Cotusal à Zarzis entament une grève de cinq jours pour protester contre l’arrêt des salaires de cinq agents et pour exiger la libération d’un membre du syndicat de base et quand enfin les chauffeurs de taxis individuels protestent devant le siège du gouvernorat de Sfax demandant l’octroi de licences, les observateurs qui suivent l’évolution des rapports Ugtt-gouvernement ont le droit de se poser la question suivante : l’apaisement ou l’ouverture d’une nouvelle page entre La Kasbah et la place Mohamed-Ali basée sur la compréhension et le dialogue en vue de contribuer ensemble à faire sortir le pays de sa crise actuelle sont-ils partis du bon pied ou cette série de grèves qui interviennent immédiatement après la clôture du 25e congrès national de l’Ugtt à Sfax, les 16, 17 et 18 février, participent-elles d’une tactique adoptée par la nouvelle direction de la centrale syndicale ouvrière consistant à souffler, à la fois, le chaud et le froid, dans ses rapports avec le gouvernement à un moment particulier marqué notamment par l’ouverture, dans les prochaines semaines, des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) en vue de l’obtention d’un nouveau crédit de l’ordre de quatre mille millions de dinars ?
Et quand on fait croiser les déclarations du Président Kaïs Saïed contenues dans son message de félicitations à Noureddine Taboubi, à l’occasion de sa réélection à la tête de l’Ugtt, avec celles de Taboubi lui-même affirmant que l’Ugtt ne cédera jamais aux exigences du FMI, l’on a aussi le droit de s’interroger si l’Ugtt, «qui restera, comme le souligne le Chef de l’Etat, un partenaire national actif et une force nationale qui fera face aux différents défis enregistrés dans le pays en cette étape délicate de son histoire», n’est pas en train de livrer un discours double, le premier à l’intention de ses adhérents en les assurant que rien ne sera fait, à l’avenir, selon les désirs du FMI, et le deuxième à l’intention du gouvernement en lui faisant comprendre que les syndicalistes sont des patriotes qui savent prendre en considération les intérêts supérieurs du pays dans les moments difficiles et accepter de consentir les sacrifices qu’il faut afin que le pays traverse, avec le minimum de dégâts, les crises sociale et économique dans lesquelles il se morfond depuis plus d’une décennie maintenant.
Quant à ces sacrifices que les syndicalistes laissent penser qu’ils sont prêts à consentir, ils vont être subis en partenariat stratégique avec l’Union tunisienne de l’industrie du commerce et de l’artisanat (Utica) dont le patron a annoncé lors du Congrès de Sfax que ses adhérents sont disposés à les partager avec les militants de l’Ugtt dans le cadre d’un programme économique commun qui sera soumis au gouvernement.
Il reste que bien que la contrepartie qu’espèrent l’Ugtt et l’Utica de ce programme commun de salut national, l’on peut comprendre qu’il s’agit d’un appel direct à ce que le Président Kaïs Saïed consente, enfin, à organiser le fameux dialogue national tant attendu avec la participation des deux organisations professionnelles les plus importantes en Tunisie, celles qui ont réussi à sauver cette même Tunisie de la guerre civile en 2013.
Quant au message de félicitations adressé par Najla Bouden à Noureddine Taboubi, réélu S.G. de l’Ugtt pour les cinq prochaines années, on y décèle une volonté sincère de faire en sorte que «les syndicalistes fassent, de nouveau, montre de leur patriotisme et de leur attachement à la Tunisie et à elle seule» pour apporter leur part à l’édification de la Tunisie post-25 Juillet.
Mohamed Mamoghli
25 février 2022 à 11:23
Les syndicalistes soutiennent les grévistes mais envoient, en même temps, des signaux rassurants au gouvernement en contrepartie de la satisfaction de certaines revendications. (La Presse du 25.02.22)
Ok. C´est la démocratie, faire la grève c´est un droit mais qui provoque des conséquences sociales et économiques négatives, que´les grévistes doivent les subir en premier lieu et ce qui n´est pas injuste.
Caisses -sociale, -maladie, -retraite qui ne peuvent exister que par le travail et la production.
Donc celui qui fait la grève, c´est son droit mais, c´est aussi un congé non payable.
Il faut prévoir ce que dit le FMI qui a un mot à dire concernant le développement de l´économie dans notre pays avant de verser les finances nécessaires pour la survie de notre peuple, et voir comment et qu´est ce ils ont fait avec la Grèce avant nous
M. Mamoghli