L’année 2022 devait être celle d’une sortie de la crise sanitaire (coronavirus), d’une reprise de l’économie mondiale et nationale, ainsi que de la mise sur rails d’un nouveau plan de développement. Or, les tensions géopolitiques opposant aujourd’hui la Russie aux Occidentaux (USA et Europe) autour de l’Ukraine, avec leurs répercussions géoéconomiques, faussent tous les calculs de tous les pays. Les signes de reprise économique ont été vite balayés par des facteurs autant internationaux que nationaux.
La Tunisie qui ne produit ni pétrole ni gaz, qui importe plus qu’elle n’exporte, n’est pas à l’abri de la crise économique mondiale. Avec l’envolée des prix des hydrocarbures, des matières premières et intrants importés, la répercussion sur les prix en interne est inévitable.Le gouvernement qui, dans la loi de finances 2022, a bâti ses prévisions budgétaires sur un prix du baril de pétrole à 75 dollars, se retrouve avec un prix qui court vers plus que 100 dollars,—avant d’entamer une baisse pour se situer à 98 dollars—, et 1.400 dollars par millier de mètres cubes (1.000 m3) pour le gaz , compte tenu des incertitudes qui pèsent sur l’issue de la crise de l’Ukraine. Avec le déclenchement de la guerre et la flambée des prix des matières premières et énergétiques, le gouvernement est appelé à revoir ses prévisions budgétaires et les chiffres sur lesquels il les a bâties, en recourant à une loi rectificative des finances. Le budget devrait être réajusté à la réalité de la situation nationale et internationale.
En effet, les prix qui flambent, tant au marché qu’à la pompe, impacteront lourdement le pouvoir d’achat, très affaibli par deux années de crise sanitaire. Les fournisseurs, les agriculteurs, les transporteurs… tous seront frappés de plein fouet par l’inflation.
L’économie mondiale, qui a déjà du mal à se relever de deux longues années de pandémie, s’apprête à affronter une nouvelle grande tempête. Indépendamment des dessous stratégiques et géopolitiques du conflit Russie-Ukraine, la crise vient rappeler à tous l’extrême fragilité d’une économie planétaire devenue complexe à outrance. Ce qui se passe et se passera dans les jours qui viennent se répercutera presque instantanément sur l’économie tunisienne. La crise du gaz que connaîtra assurément l’Europe, le renchérissement de denrées vitales, comme le blé seront inévitablement ressentis en Tunisie comme partout ailleurs.
A l’instar de tous les pays d monde entier, la Tunisie sera touchée par cette crise économique survenue brusquement. De l’avis de Moez Laâbidi, professeur universitaire en sciences économiques, la flambée des prix du pétrole et du blé va créer une « pression supplémentaire » pour la Tunisie. Elle perturbera l’approvisionnement de la Tunisie en céréales, sachant que ces denrées représentent 75% des importations tunisiennes provenant de l’Ukraine, couvrant 21% des besoins du pays. De plus, 10% des importations de pétrole proviennent aussi de la Russie.
De même, les répercussions de la hausse des prix des hydrocarbures et des matières premières se répercuteront sur toute la chaîne de valeur et touchent ainsi le transport des marchandises, le transport aérien, le tourisme…