La nouvelle équipe de l’Ugtt entre en action : Le jeu de la séduction et de la pression

Dans l’attente du discours que prononcera le Président Kaïs Saïed, le 20 mars, à l’occasion de la fête de l’Indépendance, les syndicalistes s’activent du côté de la place Mohamed-Ali pour faire part de leur disposition à soutenir le processus de reconstruction national engagé le 25 juillet 2021. Ils insistent, cependant, sur les points rouges qu’ils ne pourront jamais dépasser et annoncent qu’ils disposent d’alternatives sérieuses et crédibles qu’ils soumettront à la discussion générale.

Entre l’Ugtt, d’une part, et la présidence de la République et le gouvernement, d’autre part, on souffle, à un rythme quasi quotidien, le chaud et le froid et on multiplie les déclarations et les petites phrases qui cultivent l’amalgame et laissent le citoyen lambda et même les observateurs et les analystes dans l’incapacité de savoir si les relations sont au beau fixe entre les syndicalistes et le gouvernement ou si l’apaisement qu’ont connu ces mêmes rapports à l’issue du 25e congrès national de la centrale ouvrière tenu à la mi-février dernier à Sfax, matérialisé notamment par les deux messages de félicitations envoyés par le Président Kaïs Saïed et Najla Bouden, Cheffe du gouvernement, à Noureddine Taboubi, réélu au poste de SG de l’Ugtt, n’a été finalement que de courte durée et les espoirs placés en la reprise du dialogue gouvernement-Ugtt et présidence-Ugtt se sont évaporés aussi rapidement qu’ils sont nés.

En d’autres termes, peut-on comprendre, en analysant les dernières déclarations de Noureddine Taboubi et de ses nouveaux lieutenants élus lors du congrès de Sfax, plus particulièrement, hier mardi 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, que les jours ou les semaines à venir vont faire renaître les désaccords et les conflits qu’on croyait dépassés entre la place Mohamed-Ali, d’une part, et les palais de Carthage et de La Kasbah, d’autre part ?

Quand les syndicalistes haussent le ton et attendent…

«La Tunisie se trouve à un tournant dangereux et il est temps de calibrer la boussole», «la centrale syndicale ne sera le bois de chauffage pour aucune partie, qu’elle soit au pouvoir ou dans l’opposition», «l’Ugtt n’avalise pas, elle dialogue plutôt dans la mesure où elle constitue une force de construction et d’édification».

Ces trois petites phrases, chargées de significations profondes et aussi claires et précises que l’Ugtt se fait de la mission qui l’attend en concrétisation des orientations issues du 25e congrès de Sfax ont émergé, lundi 7 et mardi 8 mars, de la participation de la centrale ouvrière à la célébration de la Journée internationale des droits de la femme.

D’abord, c’est Noureddine Taboubi, le secrétaire général de l’Ugtt, avec qui le gouvernement et la présidence auront à traiter durant le quinquennat 2022-2027, qui met les points sur les i.

A l’intention de ceux parmi l’opposition et aussi parmi certaines parties qui soupçonnent, sans preuve, l’Ugtt d’avoir coalisé avec Kaïs Saïed à la faveur du congrès de Sfax, Noureddine Taboubi se  montre clair, précis et tranchant: «L’Ugtt, dit-il à l’occasion d’un séminaire intitulé «Pour un environnement de travail sécurisé sans violence et sans harcèlement», ne peut pas jouer le rôle de spectateur puisqu’elle a fait toujours prévaloir l’intérêt du pays. Nous sommes prêts à trouver des solutions et à présente une vision pour construire  un avenir meilleur».

Encore plus tranchant, il ajoute: «La centrale syndicale ne sera pas un faux témoin et refuse la suppression des subventions, le gel des salaires et la privatisation dans le secteur public».

Les choses sont, donc, claires comme de l’eau de roche pour le S.G. de l’Ugtt:  Si le gouvernement cherche le soutien des syndicalistes, lors de ses futures négociations avec le FMI, dans l’objectif d’obtenir les  milliers de milliards qu’on attend pour renflouer les caisses de l’Etat, il  doit savoir, dès maintenant, que Taboubi ne signera qu’à la satisfaction des exigences des affiliés à son  organisation.

Et ces exigences sont, elles aussi, claires et connues. Elles se résument en l’acceptation par le gouvernement et donc par le Chef de l’Etat de faire participer l’Ugtt à la dynamique nationale de reconstruction de l’avenir de la Tunisie,  à travers un dialogue national durant lequel les syndicalistes proposeront leurs alternatives et visions déjà mises en œuvre par les experts, les chercheurs et spécialistes relevant du département documentation et recherches de la centrale ouvrière.

La nouvelle secrétaire générale adjointe, élue lors du congrès de Sfax, Sihem  Boucetta, n’y va  pas par quatre chemins pour révéler : «L’Union dispose d’alternatives déjà définies bénéficiaient de la reconnaissance des spécialistes».

Elle précise, dans le même sillage, que le gouvernement a l’obligation d’annuler la circulation n°20 relative aux négociations avec l’Ugtt.

On attend, pour le moment, ce que le gouvernement va apposer aux petites phrases- exigences exprimées par l’Ugtt. On attend, surtout, avec les syndicalistes eux-mêmes, le discours que prononcera Kaïs Saïed le 20 mars prochain à l’occasion de la célébration de la fête de l’Indépendance. Un discours sur le contenu duquel on fonde beaucoup d’espoir, d’attentes et d’espérance.

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